L’année ciné 2021 par celles et ceux qui l’ont faite

65 cinéastes dont nous avons aimé les films cette année ont répondu à notre traditionnelle question : quels ont été vos films préférés de 2021, parmi ceux sortis en salles ou découverts en festivals ? Après Touch Me Not de Adina Pintilie, High Life de Claire Denis et Zama de Lucrecia Martel plébiscités en 2018, Parasite de Bong Joon-ho et Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma en 2019, Nomadland de Chloé Zhao en 2020, ce sont d’abord Memoria de Apichatpong Weerasethakul puis Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi qui ont réuni le plus de suffrages. Nous vous invitons chaudement à découvrir ces réponses très variées qui témoignent d’un excitant et passionnant appétit de cinéma !


Radu Jude
Memoria de Apichatpong Weerasethakul, que j’admire énormément. Je sais que je ne serai jamais capable d’atteindre 1% de sa poésie. Ce film, c’est vraiment un très grand événement, une très grande séance d’hypnose. Je citerais aussi deux films plus anciens : Queen of Diamonds de Nina Menkes que j’ai vu en version restaurée au Festival de Karlovy Vary, et un film que j’ai pu présenter à Bucarest, Traité de bave et d’éternité d’Isidore Isou. C’est incroyable que les Français ne connaissent pas ce film, qui date de 1951, fait par un mec qui avait seulement 25 ans, car il annonce la Nouvelle vague avec dix ans d’avance et des idées encore plus radicales. C’est complètement fou. En Roumanie, c’est un film très rare mais en France, vous pouvez le trouver en France dans une très bonne édition dvd.
• Le Roumain Radu Jude a réalisé Bad Luck Banging or Loony Porn, Ours d’or à la Berlinale actuellement en salles.

Araceli Lemos
Mon film préféré de l’année est le profondément émouvant Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi pour la patience avec laquelle il révèle les mondes intérieurs et les traumatismes de deux personnes réservées partageant un espace. J’ai aussi aimé deux films « Covid » : le blasphématoire, sombre et drôle Bad Luck Banging or Loony Porn de Radu Jude, pour son portrait complexe du Bucarest contemporain à travers le martyre déchaîné de son héroïne, et Journal de Tûoa de Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes, qui dépeint avec une telle espièglerie poétique l’absurdité et la beauté de faire des films alors que tout s’effondre autour de nous.
• La Grecque Araceli Lemos a réalisé Holy Emy, primé à Locarno. Holy Emy fait partie de notre dossier consacré aux meilleurs films inédits cette année en France.

Kyoshi Sugita
Journal de Tûoa de Maureen Fazendeiro and Miguel Gomes, Le Grand mouvement de Kiro Russo et Saturn and Beyond de Declan Clarke. J’espère qu’un jour, ces films seront découverts par des extraterrestres sur Terre après l’extinction de l’humanité.
• Le Japonais Kyoshi Sugita a réalisé Haruhara San’s Recorder, Grand Prix au FIDMarseille et sélectionné entre autres à San Sebastian et Busan.


Antoine Barraud
C’est facile, c’est Memoria de Apichatpong Weerasethakul. C’est absolument éblouissant d’intelligence, de poésie, de beauté, de richesse, de complexité. C’est éblouissant de mise en scène, éblouissant au son. Apichatpong Weerasethakul est vraiment le cinéaste total. Ça et Le Genou d’Ahed de Nadav Lapid sont pour moi les deux immenses chefs-d’œuvre de l’année. J’ai justement commencé mon top de fin d’année et outre ces deux-là, j’aime beaucoup aussi Onoda de Arthur Harari et Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi.
• Le Français Antoine Barraud est le réalisateur de Madeleine Collins avec Virginie Efira, dévoilé à la Mostra de Venise et en salles le 22 décembre.

Jill Gevargizian
Titane de Julia Ducournau : en tant que grande fan de Grave, mes attentes étaient très hautes et je n’ai pas été déçue, au contraire. C’est un film étonnamment chaleureux. J’ai eu le plaisir d’assister à la première américaine présentée par la réalisatrice. De toute ma vie, j’ai rarement été autant inspirée par un ou une cinéaste.
Censor de Prano Bailey-Bond : comme mon film, Censor était d’abord un court métrage (intitulé Nasty). Nous avons d’ailleurs fait plusieurs festivals ensemble en 2016. J’ignorais totalement que la cinéaste avait aussi pour projet d’en faire un long, et le résultat m’a scotchée. Vu de l’extérieur, c’est un film sur la censure mais en réalité c’est l’histoire d’une femme qui cherche à affronter ses traumatismes.
The Sadness de Rob Jabbaz : toutes les rumeurs sur ce films sont vraies, c’est vraiment le film d’horreur le plus dérangeant et violent que j’ai vu ces dernières années, et j’ai adoré ça. C’est un film qui a beaucoup de choses à dire, notamment sur la société en temps de pandémie.
The Innocents de Eskil Vogt : c’est un film très soigné, porté par une tendresse aussi belle que nécessaire et qui m’a touchée très profondément. Les acteurs sont presque tous des enfants, et ils sont formidables. Leurs visages me hantent encore.
Preman de Randolph Zaini : mon genre de film d’action préféré, beaucoup de style et de cœur, avec des cascades et des mouvements de caméra badass. J’ai adoré les acteurs principaux. Et puis c’est l’histoire d’un coiffeur qui se bat avec ses ciseaux, on dirait qu’ils ont créé ce personnage juste pour moi !
• L’Américaine Jill Gevargizian a réalisé The Stylist, sélectionné en compétition à Gérardmer et désormais disponible en dvd et vod.

Shoko Hara
Voici la liste de mes courts métrages d’animation préférés cette année :
 
My Galactic Twin Galaction de Sasha Svirsky
I’m Here de Julia Orlik
Bare Bones de Meryem Lahlou
Awers i Rewers  (Obverse and Reverse) de Barbara Rupik
Maalbeek de Ismael Joffroy Chandoutis
Night Bus de Joe Hsieh
Hide de Daniel Gray
Yugo de Carlos Gomez Salamanca
• La Germano-Japonaise Shoko Hara a réalisé le court métrage Just a Guy, qui fait partie de l’anthologie animée Plan cul la praline sortie en salles cet automne.


Jasmila Žbanić
Vous savez, cette année j’étais dans le jury de la section Orizzonti à la Mostra de Venise, et j’ai pu voir beaucoup de films neufs et bons. Le film qui a gagné s’appelle Pilgrims de Laurynas Bareisa qui vient de Lituanie, et je l’ai trouvé très intéressant. Ce n’est pas que le langage cinématographique du film soit révolutionnaire, mais il fait preuve qu’une approche conceptuelle si consistante dans son minimalisme qu’il est capable de raconter de façon très belle, et à sa propre échelle, des choses que les studios hollywoodiens ne sauraient faire qu’en dépensant des millions et des millions de dollars. Beaucoup de films que j’ai vus à Orizzonti ont tenté des trucs fous, j’ai trouvé que c’était une très bonne sélection.
• La Bosnienne Jasmila Žbanić a réalisé La Voix d’Aïda. Sorti en salles en septembre, ce film en compétition à la Mostra de Venise vient de remporter trois prix aux European Film Awards dont meilleur film.

Yngvild Sve Flikke
La Voix d’Aïda est si fort que je ne pouvais pas quitter mon siège à la fin. L’actrice Jasna Đuričić est incroyable. L’histoire s’est déroulée pas loin de mon pays alors que j’avais à peine vingt ans, et il est crucial de la raconter, il faut retenir les leçons de l’Histoire. Merci et bravo à Jasmila Žbanić. Nomadland est une bouffée d’air frais pour un film hollywoodien, je suis ravie qu’un tel film ait remporté l’Oscar. Frances McDormand est une des mes actrices préférées et elle ne me déçoit jamais. Elle insuffle ici une telle honnêteté que j’en étais toute excitée. Chloé Zhao est désormais un nom à suivre de près. The French Dispatch est ludique, plein d’idées et d’inventions visuelles. C’est toujours un plaisir de voir un film de Wes Anderson. J’en suis ressortie avec le sourire et l’espoir qu’il est possible de faire des films de façon unique.
• La Norvégienne Yngvild Sve Flikke a réalisé Ninjababy, primé à la Berlinale, La Roche-sur-Yon et récemment élu meilleure comédie aux European Film Awards.

Frida Kempff
Voici mon top 3 parmi les films que j’ai pu voir cette année :
The Power of the Dog de Jane Campion
Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi
La Voix d’Aïda de Jasmila Žbanić
• La Suédoise Frida Kempff a réalisé Knocking, qui a été dévoilé à Sundance avant d’être montré en France au Festival de La Roche-sur-Yon.


Nadav Lapid
Je dirais Annette de Leos Carax. C’est un film qui m’a fait énormément de bien. Plus j’avance plus j’ai du mal à être pris par surprise. Or, un monde de cinéma qui n’étonne pas, à quoi ça sert ? J’étais très reconnaissant envers ce film.
• L’Israélien Nadav Lapid a réalisé Le Genou d’Ahed, prix du jury au Festival de Cannes et sorti en salles en septembre.
 
Madiano Marcheti
Memoria de Apichatpong Weerasethakul est sans doute le film le plus énigmatique que j’ai pu voir. Grâce à une ambiance unique, on se retrouve transporté dans une multitude de réalités tout en restant dans un lieu et un moment très spécifique. J’ai eu l’impression d’entrer dans un cinéma et d’être projeté dans un rêve éveillé. Ondine de Christian Petzold est un très beau film qui passe avec grâce et intelligence du réalisme au conte de fées à travers un récit qui a la forme d’un rêve. La scène de la rencontre entre les protagonistes est un modèle de montage. Little Palestine de Abdallah Al-Khatib est un film sur le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Syrie. Bien qu’il nous montre de très près leurs condition de vie difficiles, il se termine sur une magnifique séquence pleine d’espoir.
• Le Brésilien Madiano Marcheti a réalisé Madalena, dévoilé à Rotterdam et projeté plus récemment au Festival Biarritz Amérique Latine et Chéries-Chéris.
 
Aïcha Macky
Parmi les films que j’ai vus, j’ai été particulièrement fascinée par En route pour le milliard de Dieudo Hamadi et Le Dernier refuge de Ousmane Samassekou. Tous les deux parlent des problèmes contemporains et des maux de l’Afrique, voire de l’humanité : la guerre, les mouvements migratoires. La particularité de ces films c’est qu’ils ont trouvé des accroches qui les rendent exceptionnels. Hormis la puissance des histoires, on peut évoquer la mise en scène théâtralisée chez Dieudo et la personnification du désert par Samassekou.
• La Nigérienne Aïcha Macky a réalisé Zinder, un documentaire sélectionné entre autres à Visions du Réel ou au Festival des 3 Continents.


Elie Grappe
Bruno Reidal de Vincent Le Port. Pour moi c’est un très grand film, je pense qu’on s’en rappellera longtemps. C’était une vraie joie de découvrir cette radicalité-là. Je pense qu’il faut beaucoup de travail pour arriver à cela. L’acteur, qui est jeune mais professionnel, est sublime. C’est un film en costumes mais cela parle de choses très contemporaines. Pour moi c’est la réponse idéale à la phrase horrible de Manuel Valls : « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ». Ce n’est pas parce que le film accompagne le parcours de violence du personnage qu’il excuse ou met des guillemets par rapport à sa violence, c’est justement ça qui est fort.
• Le Français Elie Grappe est le réalisateur d’Olga, sélectionné à la Semaine de la Critique et sorti en salles cet automne.
 
Oscar Jiajun Zhang & Hee Young Pyun
Notre film préféré de 2021 est À l’abordage de Guillaume Brac. Pourquoi ? Parce qu’il est aussi libre que les vacances, aussi triste que la fin des vacances.
• Le Chinois Oscar Jiajun Zhang & la Coréenne Hee Young Pyun ont réalisé le court métrage If You See Her, Say Hello, primé au Festival Visions du Réel.
 
Kim Mijo
Bouleversée, c’est le mot le plus juste pour exprimer le sentiment que j’ai eu en regardant Dune de Denis Villeneuve. Il y a souvent des films au sujet desquels on parle de son, plutôt que d’image. J’ai été impressionnée par le son qui transcende et submerge l’univers immense de cette histoire et ses images saisissantes. Parfaitement pensé pour chaque séquence, chaque scène et chaque cut, le son de ce film provoque d’abord un léger vacillement, et plus tard, peu à peu, crée une grande vague. J’avais très hâte de voir quel son viendrait ensuite, et j’attends avec impatience les prochains chapitres de ce voyage majestueux.
• La Coréenne Kim Mijo a réalisé Gull, Grand Prix à Jeonju et sélectionné entre autres à New Directors/New Films.


Ramon & Silvan Zürcher
Silvan : Celui qui m’a vraiment étonné et surpris c’est Memoria d’Apichatpong Weerasethakul, surtout le design sonore. Ce premier plan, ce son soudain, cette scène où Tilda Swinton essaie de retrouver une manifestation de ce son dans un studio d’enregistrement, cela m’a complètement réveillé. C’est un film qui m’a rendu attentif et éveillé comme jamais. J’ai adoré ça.
Ramon : C’était il y a déjà quelques mois mais j’ai beaucoup aimé le style narratif d’Ema de Pablo Larrain. Il n’y a pas d’exposition très claire, le film commence et on est déjà en plein milieu de la narration et soudain on commence à pouvoir lire ce qui s’est passé. C’est une tragédie écrite comme si un miroir brisé dont on essaye de recoller les morceaux. J’ai aussi aimé que le personnage ait un coté bisexuel mais que ce soit traité comme la chose la plus normale qui soit. Voilà un personnage imprévisible, une femme capable de tout faire. C’est presque un film de monstre sans monstre. J’ai aimé cette manière très moderne de raconter, qui m’a rendu très actif en tant que spectateur.
• Les Suisses Ramon et Silvan Zürcher ont réalisé La Jeune fille et l’araignée. Primé à la Berlinale et à La Roche-sur-Yon, ce film est sorti cet automne en salles.
 
Philippe Gregoire
Moon, 66 Questions de Jacqueline Lentzou
En plein confinement, j’avais participé aux 5 jours du marathon de la Berlinale depuis le divan du salon de mon tout petit appartement. Moon, 66 Questions était au programme de la section Encounters de la Berlinale. Jacqueline Lentzou avait obtenu beaucoup de succès en festival avec ses courts métrages et ce premier long métrage allait me donner la chance de voir son travail pour une toute première fois. Ce film se démarque par l’adresse de sa mise en scène et par une photographie d’une grande beauté. À voir en salle, sinon dans son salon pour revivre l’expérience de la Berlinale 2021.
 
La Jeune fille et l’araignée de Ramon et Silvan Zürcher
Un deuxième film de la section Encounters à la Berlinale, mais que j’ai découvert au Festival international du film de la Roche-sur-Yon.  Curieux, intrigué et amusé par ce film, j’avais demandé aux frères Zürcher comment ils s’y étaient pris pour écrire un scénario où le champ et le hors-champ se répondent l’un à l’autre avec autant d’ingéniosité. On m’avait expliqué que le texte du scénario utilisait une couleur pour représenter ce qui allait se faire voir dans le champ de la caméra et une couleur différente pour ce qui allait exister dans le hors-champ. Je crois que les couleurs qui avaient été utilisées au scénario étaient le bleu et le vert, mais peut-être que je me trompe ici…  je me souviens toutefois de l’aspect ludique de l’utilisation du jaune dans La Jeune fille et l’araignée.
 
The Game – Roman Hodel
Il s’agit ici d’un court métrage qui avait été lancé dans la section Orizzonti à Venise et que j’ai découvert chez moi, à Montréal, au festival international de courts métrages Longue vue sur le court. On voit dans ce film les mécanismes d’un match de foot tels qu’il sont vécus par ses spectateurs, son arbitre en chef et le père de ce dernier qui se trouve assis parmi la foule au moment du déroulement du match. J’avais été totalement captivé par cette façon de m’amener à voir un match de foot sous un angle entièrement nouveau et différent. Une expérience à la fois narrative et sensorielle.
• Le Canadien Philippe Grégoire a réalisé Le Bruit des moteurs, dévoilé à San Sebastian et primé au Festival de La Roche-sur-Yon.
 
Shengze Zhu
Mon préféré est Contes du hasard et autres fantaisies de Ryusuke Hamaguchi.
• La Chinoise Shengze Zhu a réalisé A River Runs, Turns, Erases, Replaces, sélectionné entre autres à la Berlinale, à Cinéma du Réel et au Festival des 3 Continents.


Ainhoa Rodriguez
Je dirais en premier lieu Titane de Julia Ducournau. Mais aussi Vortex de Gaspar Noé.
• L’Espagnole Ainhoa Rodriguez a réalisé Destello bravio, dévoilé à Rotterdam et Grand Prix au Festival Cinespana de Toulouse.
 
Caru Alves de Souza
Madres Paralelas de Pedro Almodóvar. J’ai aimé la simplicité du film, la façon dont Almodóvar mélange drame personnel et histoire politique en Espagne, en particulier les « squelettes dans le placard » laissés par la guerre civile espagnole.
• La Brésilienne Caru Alves de Souza a réalisé Je m’appelle Bagdad, sélectionné à la Berlinale et sorti en salles en septembre.
 
Irfana Majumdar
J’ai beaucoup aimé deux films : Juju Stories de Abba Makama, C.J. ‘Fiery’ Obasi et Michael Omonua ainsi que Yaya e Lennie : The Walking Liberty de Alessandro Rak, que j’ai pu voir à Locarno. Juju Stories est une anthologie composée de trois courts métrages qui offrent un captivant panorama des réalisateurs du Nigeria d’aujourd’hui et de leurs voix puissantes. J’ai particulièrement apprécié l’audace dans la façon de renverser les conventions cinématographiques et l’utilisation d’éléments magiques. Yaya e Lennie : The Walking Liberty est un conte de fées écologique unique, à plusieurs niveaux de lectures, et animé. J’ai pu le regarder parmi les 6000 spectateurs de la Piazza Grande, ce qui l’a rendu d’autant plus frappant ! 
• L’Indienne Irfana Majumdar a réalisé Shankar’s Fairies, dévoilé à Locarno et primé récemment au Festival des 3 Continents.


Jean-Gabriel Périot
Annette de Léos Carax, Notturno de Gianfranco Rosi, Olga de Elie Grappe, Chers camarades ! de Andreï Konchalovsky, Spectre: Sanity, Madness & the Family de Para One et La Loi de Téhéran de Saeed Roustayi parmi les sorties de 2021. Ainsi que Medusa de Anita Rocha da Silveira et Bruno Reidal de Vincent Le Port, j’ai pris de l’avance sur 2022 !
• Le Français Jean-Gabriel Périot a réalisé Retour à Reims (fragments), dévoilé à la Quinzaine des Réalisateurs et en salles en 2022.
 
Maximiliano Schonfeld
Parmi les courts métrages : Otacustas, par Mercedes Gaviria Jaramillo. Pour la réflexion sur le son, la peinture et le temps suspendu pendant le confinement à Buenos Aires. Parmi les longs métrages : deux choix. D’abord Una Escuela en Cerro Hueso, de Betania Cappato, qui est une histoire simple et émouvante, d’une sensibilité pure. Puis Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi. Un chef-d’œuvre, du Tchekhov moderne.
• L’Argentin Maximiliano Schonfeld a réalisé Jesús López. Dévoilé à San Sebastian, ce film a obtenu le Grand Prix au Festival Biarritz Amérique Latine.
 
Dina Amer
Mon film préféré de l’année jusqu’à présent est Amira de Mohammed Diab. Mohamed a trouvé un point d’entrée fascinant et unique dans une histoire palestinienne qui est à la fois singulière dans son originalité et d’une efficacité dévastatrice au moment révéler les sacrifices et les luttes des familles palestiniennes. Le film est si habilement tissé. Les personnages sont pleinement développés. L’écriture est convaincante et authentique. Le rythme est tel que j’étais constamment au bord de mon siège. J’ai été époustouflée par ce film qui montre un visage du monde palestinien qui était jusqu’ici invisible. Bravo Mohamed, excellent travail !
• L’Américano-Egyptienne Dina Amer a réalisé Tu me ressembles, qui a fait sa première mondiale à la Mostra de Venise. Tu me ressembles fait partie de notre dossier consacré aux meilleurs films inédits cette année en France.


Rob Savage
Voici mon top 10 :
 
La Proie d’une ombre, David Bruckner
You Are Not My Mother, Kate Dolan
The Green Knight, David Lowery
V/H/S 94, Timo Tjahjanto, Simon Barrett, Chloe Okuno, Ryan Prows & Jennifer Reeder
I’m Your Man, Maria Schrader
Riders of Justice, Anders Thomas Jensen
Sans un bruit 2, John Krasinski
Conjuring: sous l’emprise du Diable, Michael Chaves
Censor, Prano Bailey-Bond
A Glitch in the Matrix, Rodney Ascher
• Le Britannique Rob Savage a réalisé Host, sélectionné en compétition à Gérardmer et désormais disponible en dvd et vod.
 
Renata Pinheiro
Titane de Julia Ducournau parle de transhumanisme et il n’y a pas un seul plan du film qui ne se rapporte au thème. Son approche conjecturale sur le nouvel humain « involutif » est incroyable. The Power of the Dog de Jane Campion déjoue les clichés tout en humanisant les archétypes du western, mais le plus surprenant c’est qu’il commence par parler de sexualité pour finalement virer au film de vengeance. Annette de Leos Carax se tire avec brio de la tâche difficile qui consiste à suivre un protagoniste odieux. Avec de très beaux visuels, le film interroge le comportement toxique et destructeur de l’homme moderne qui, par égoïsme, détruit tout ce qui l’entoure, y compris lui-même.
• La Brésilienne Renata Pinheiro a réalisé Carro Rei, dévoilé au Festival de Rotterdam.
 
James Vaughan
Quatre de mes cinéastes préférés ont sorti un film cette année, mais malheureusement seuls trois d’entre eux sont sortis en Australie et j’ai donc raté France de Bruno Dumont. Cela ne m’a pas empêché de beaucoup aimer les films d’Apichatpong Weerasethakul, Hong Sang-soo et Miguel Gomes (coréalisé avec Maureen Fazendeiro). Parmi ce que j’ai pu voir, je dirais que ce dernier est probablement mon film préféré de l’année. En apparence plus léger que ses autres projets, Journal de Tûoa est rempli à ras-bord de jeux de points de vue, de jeux de miroirs narratifs et d’un sens indélébile de la beauté. Gomes semble avoir un accès enivrant à la beauté du temps, de la pensée, de l’effort et de la vie, et puis rien que le morceau The Night de Frankie Vallie & The Four Seasons est l’une des meilleurs habillage musicaux de l’année.
• L’Australien James Vaughan a réalisé Friends and Strangers, sélectionné à Rotterdam et visible actuellement sur Mubi.


Venice Atienza
J’ai été bouleversée par la manière dont Payal Kapadia retranscrit ses souvenirs et son expérience dans une Inde en transition. Grâce à des dialogues minutieux et des images délicates, Toute une nuit sans savoir met le spectateur à la place de cette voix inconnue, nous donne à ressentir ses inquiétudes, son amour, sa peur, et son espoir.
 
Children of the Mist (Những đứa trẻ trong sương) de Diem Ha Le nous présente Hi, une jeune fille curieuse qui grandit dans la tribu Hmong où il est encore fréquent de kidnapper les filles à marier. J’ai été émue par la manière dont la cinéaste donne l’opportunité de saisir la complexité de sa situation entre adolescence et tradition.
 
Dans The Communion Of My Cousin Andrea, Brandán Cerviño filme sa cousine en train de revoir et de revivre les images de sa première communion. Il manipule le montage pour donner vie aux propres souvenirs d’Andrea ainsi que ses interrogations sur la vie.
 
A travers l’utilisation brillante d’images domestiques de conversations triviales, My Uncle Tudor de Olga Lucovnicova fait remonter un traumatisme à la surface. Le film a le pouvoir de donner à voir ce qui est enfoui et le courage de se confronter aux douleurs du passé.
• La Philippine Venice Atienza a réalisé Last Days at Sea, un documentaire sélectionné entre autres à la Berlinale et Visions du Réel.
 
Payal Kapadia
Sans ordre particulier :
Bad Luck Banging on Loony Porn de Radu Jude
Acts of Love de Isidore Bethel and Francis Leplay
Memoria de Apichatpong Weerasethakul
The Perpetual Leek de Zoe Chantre
Journal de Tûoa de Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes
• L’Indienne Payal Kapadia a réalisé Toute une nuit sans savoir, lauréat de l’Œil d’or du meilleur documentaire à Cannes. Ce film sortira en 2022 en France.
 
Leonardo Martinelli
Je suis un cinéphile avec une sensibilité particulière pour les courts métrages, et cette année j’ai eu l’occasion d’en voir dans des festivals aussi formidables que Locarno, San Sebastian, Montréal et Winterthur. Quelques-uns de mes favoris qui me viennent en tête sont Les Démons de Dorothy d’Alexis Langlois, After a Room de Naomi Pacifique, New Abnormal de Sorayos Prapapan, Ob scena de Paloma Orlandini Castro, Sideral de Carlos Segundo et Regearsal de Michael Omonua.
• Le Brésilien Leonardo Martinelli a réalisé le court métrage Fantasma Neon, sélectionné entre autres à Locarno et San Sebastian.


Alexandra Pianelli
Pour les sorties salles:
Thérèse d’Alain Cavalier en version restaurée. Le film demeure le plus beau de tous les temps ! Tant dans sa forme (fonds peints) que dans son sujet (traité avec humour), Thérèse n’a pas pris une ride !
Carole et Delphine, Insoumuses de Callisto McNulty, ou comment les femmes s’emparent de la vidéo avec humour et engagement.
Onoda, 10000 nuits dans la jungle de Arthur Harari, un film d’aventure tiré d’une histoire vraie: une véritable surprise et certainement un chef d’œuvre !
First Cow de Kelly Reichardt, une magnifique histoire d’amitié, une vache et des petits beignets.
 
Les coups de cœur en festival:
Le Transformateur de Pierre-Edouard Dumora (FID Marseille) Proche de l’art vidéo, un film performatif, politique et essentiel !
Mat et Les Gravitantes de Pauline Pénichout (Ecrans Documentaires d’Arcueil 2020 diffusé en 2021), bouleversant portrait de jeunesse d’aujourd’hui
Le Poireau Perpétuel de Zoé Chantre (FID Marseille, Ecrans Documentaires 2021), un film universel à la première personne, libre, créatif et puissant 😉
Open The Door Please de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (reprise à la Rochelle) court métrage génialissime en hommage à Jacques Tati
Et mon grand coup de coeur vu au festival des Champs Élysées 2021 et qui étrangement ne m’est pas revenu lors de nos échanges: L’Energie Positive des Dieux de Laëtitia Moller. A voir absolument!
• La Française Alexandra Pianelli a réalisé Le Kiosque, dévoilé au Champs-Elysées Film Festival et sorti en salles cet automne. Ce film fait partie de notre dossier consacré aux 10 révélations de l’année.
 
Pierre Edouard Dumora
Memoria de Apichatpong Weerasethakul.
• Le Français Pierre Edouard Dumora a réalisé le moyen métrage Le Transformateur, sélectionné entre autres au FIDMarseille.
 
Andreea Cristina Bortun
Voici les films qui m’ont accompagnée toute cette année :
1. Red Rocket, Sean Baker
2. Memoria, Apichatpong Weerasethakul
3. Le Grand mouvement, Kiro Russo
4. Futura, Pietro Marcello, Francesco Munzi, Alice Rohrwacher
5. Compartiment no. 6, Juho Kuosmanen
• La Roumaine Andreea Cristina Bortun a réalisé When Night Meets Dawn, un court métrage dévoilé à la Quinzaine des Réalisateurs et sélectionné plus récemment aux Arcs Film Festival.


Bastien Dubois
J’ai beaucoup apprécié Le Sommet des dieux de Patrick Imbert, le travail d’adaptation n’était pas évident et ils y sont très bien parvenus (même si la fin cloche un peu).
En court métrage de fiction : L’effort commercial de Sarah Arnold. J’en ai vu beaucoup mais c’est celui qui me reste en tête.
En court métrage d’animation : Précieux de Paul Mas & Maman pleut des cordes de Hugo Faucompret.
Aussi le travail esthétique de Alberto Mielgo : The Witness de la série Love, Death & Robots et son dernier, The Windshield Wiper.
• Le Français Bastien Dubois a réalisé le court métrage Souvenir, souvenir, qui a été primé à Sundance et plus récemment montré au Festival Carrefour du cinéma d’animation. Ce film fait partie de les présélections pour le César et l’Oscar du meilleur court métrage d’animation 2022.
 
Karen Cinorre
Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux de Destin Daniel Cretton. Ce film Marvel obtient mon prix du meilleur film de 2021 pour une raison : son casting. Simu Liu, Awkwafina, Michelle Yeoh, Tony Leung et Meng’er Zhang respirent le pouvoir, la grâce, la maîtrise et l’humour. Dans une année où les crimes de haines contre les personnes asiatiques ont augmenté dans le monde entier, il est merveilleux de voir cet extraordinaire ensemble briller.
• L’Américaine Karen Cinorre a réalisé Mayday, sélectionné entre autres à Sundance, Rotterdam au à La Roche-sur-Yon.
 
Livia Huang
On The Other Side d’Iván Guarnizo. La mère du réalisateur est restée otage des soldats du FARC pendant deux ans. Après sa libération, elle s’était bizarrement attachée à l’un de ses ravisseurs. Lorsqu’elle est décédée des années plus tard, le réalisateur et son frère sont partis à la recherche de ce soldat.
 
The Man who Paints Water Drops de Oan Kim et Brigitte Bouillot. Le film s’intéresse à la fois à l’œuvre du père cinéaste, le peintre Kim Tschang-Yeul, qui refuse de parler de la guerre de Corée, mais aussi à ses problèmes d’élocution.
 
Days de Tsai Ming Liang. Si minimaliste et pourtant luxuriant  et fascinant.
 
Contes du hasard et autres fantaisies de Ryusuke Hamaguchi fait semblant de se jouer du réalisme pour mieux faire naître l’émotion progressivement.
• La Sino-Américaine Livia Huang a réalisé le court métrage More Happiness, sélectionné entre autres à la Berlinale et à Chéries-Chéris.


Nicolas Keppens
Je parlais dans notre entretien de Leos Carax. Et finalement il a sorti un nouveau film, incroyablement audacieux que j’ai adoré. Ça s’appelle Annette. Il y a tellement d’idées dedans, et il n’a pas eu peur de changer, quitte à remettre en question ce pour quoi il était apprécié. Je vous avais parlé, lors de notre entretien, de l’article sur Agnès Varda qui est au-dessus de mon bureau et qui la décrit ainsi : « Tendre, rebelle et toujours originale ». Cela m’y a fait penser. Leos Carax est dans chaque film au moins rebelle et original, et dans certains aussi très tendre. 
 
Un autre héros pour moi c’est Apitchapong Weerasethakul. J’ai eu le plaisir de voir Memoria dans un festival. Ça m’a bouleversé. Tilda Swinton joue si fort dedans, et c’était deux heures de mystère et de beauté. J’aime beaucoup comment il joue souvent avec ce qui est très réaliste, scientifique, en mélangeant ça avec ce qui tient du conte, de la fable et du mythe. Ici il pousse cela de manière encore plus cinématographique grâce au travail sur le son. Et de plus, il y a, je trouve, plein d’humour dans le film.
 
J’ai découvert le court métrage Bestia au Festival d’Annecy. Ce film est réalisé par Hugo Covarrubias. Ça joue d’une manière très intéressante avec la matière et la technique, d’une façon qui n’est possible qu’en animation. 
 
Sinon, j’essaie depuis quelques semaines de voir Titane de Julia Ducournau mais ça n’a pas encore marché malheureusement. Hâte de voir ça.
• Le Belge Nicolas Keppens a réalisé le court métrage Easter Eggs, primé entre autres à la Berlinale et à Annecy. Ce film fait partie de la présélection pour le César du meilleur court métrage d’animation 2022.
 
Ronny Trocker
Ce n’est qu’en faisant cette liste que je me rends compte du peu de films du 2021 que j’ai pu voir en raison de circonstances actuelle. Voici alors une liste très incomplète de films qui m’ont impressionné d’une manière ou d’une autre. (dans l’ordre aléatoire)
 
La Jeune fille et l’araignée de Ramon et Silvan Zürcher
Great Freedom de Sebastian Meise
Women Do Cry de Vesela Kazakova et Mina Mileva
Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier
Petite Maman de Céline Sciamma
Face à la mer de Ely Dagher
• L’Italien Ronny Trocker a réalisé Human Factors, sélectionné entre autres à Sundance, la Berlinale et La Roche-sur-Yon.
 
Audrie Yeo Sui Luan
Je citerais trois films. Vengeance is mine, all others pay cash de Edwin, la fierté de toute l’Asie du sud-est cette année. J’ai eu l’honneur d’assister à sa première mondiale, quelle bouffée d’air frais, c’est tout bonnement un film très fun. J’aime les documentaires où la question du point de vue est complexe ; regarder un bon documentaire, c’est comme une regarder une fiction particulièrement bien écrite, si ce n’est que tout est réel, et A Thousand Fires de Saeed Taji Farouky fait partie de ces films-là : la proximité envers cette famille n’est jamais envahissante et j’ai été émue par leur capacité à rire malgré leurs conditions de vie difficiles. Le film capture et retranscrit ces moments à merveille. J’ai aimé la science-fiction à la fois sombre et surréaliste de The Sacred Spirit de Chema García Ibarra. J’ai aimé que ce soit malaisant et décalé à la fois, et j’ai été impressionnée par l’habileté d’Ibarra a injecter un humour très froid dans un film aussi glauque, et que ça fonctionne si bien. Je trouve également que les courts suivants méritent d’être cités : A Man Trembles de Mark Chua et Li Shuen Lam, Lemongrass Girl de Pom Bunsermvicha, A New Abnormal de Sorayos Prapapan, Chute de Nora Longatti, Strawberry Cheesecake de Siyou Tan et Love, Dad de Diana Cam Van Nguyen.
• La Malaisienne Audrie Yeo Sui Luan a réalisé Posterity, un court métrage sélectionné entre autres à Locarno.


Anita Rocha Da Silveira
Voici 10 films qui me sont restés en tête cette année, en ordre alphabétique :
Compartiment nº 6, Juho Kuosmanen
Drive My Car, by Ryûsuke Hamaguchi
Faya Dayi, Jessica Beshir
First Cow, Kelly Reichardt
La Jeune fille et l’araignée, Ramon Zürcher & Silvan Zürcher
Noche de fuego, Tatiana Huezo
Petite maman, Céline Sciamma
Titane, Julia Ducournau
Toute une nuit sans savoir, Payal Kapadia
Zola, Janicza Bravo
• La Brésilienne Anita Rocha Da Silveira a réalisé Medusa. Dévoilé à la Quinzaine des Réalisateurs, ce film sortira en 2022 en France.
 
Sonny Calvento
Les films préférés cette année sont Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, Contes du hasard et autres fantaisies de Ryusuke Hamaguchi et L’Événement de Audrey Diwan. Ces trois films réussissent à dépeindre des personnages imparfaits et auxquels on peut s’identifier. Leurs voyages hors normes vont rester avec moi très longtemps.
• Le Philippin Sonny Calvento a réalisé le court métrage Excuse Me Miss, Miss, Miss, sélectionné entre autres à Locarno.
 
Sebastian Schjaer
Drive My Car, Ryusuke Hamaguchi
Al Oriente, José María Avilés
Jesús López, Maximiliano Schonfeld
Memoria, Apichatpong Weerasethakul
Carajita, Silvina Schnicer et Ulises Porra
• L’Argentin Sebastian Schjaer a réalisé le court métrage El espacio sideral, dévoilé à la Quinzaine des Réalisateurs.


Yoriko Mizushiri
Evangelion: 3.0+1.0 Thrice Upon a Time de Hideaki Anno, Kazuya Tsurumaki, Katsuichi Nakayama et Mahiro Maeda. Hideaki Anno a déclaré que « faire des films, c’est quelque chose de plus fort que [sa] propre vie ». Je me suis demandé comment cela était possible, mais quand j’ai vu ce film, j’ai senti que celui-ci incarnait ses mots avec fidélité.
• La Japonaise Yoriko Mizushiri a réalisé le court métrage Anxious Body, dévoilé à la Quinzaine des Réalisateurs et montré plus récemment au Festival Carrefour du cinéma d’animation.
 
 Sine et Imge Özbilge
2021 fut pour nous une année particulière. #21xoxo est sorti en France et a été diffusé à la Sharjah Art Foundation, tandis que nos second court Mosaic n’a pas arrêté de remporter des prix, quelle année merveilleuse ! Nous sommes reconnaissantes de ce que le monde a à nous offrir, et nous avons été gâtées par nos visionnages cette année. Pour Le Polyester nous avons choisi de parler de notre nouvelle série préférée de tous les temps : Brand New Cherry Flavor de Nick Antosca et Lenore Zion. C’est un immanquable pour tous les fans d’absurde, d’horreur et de gore, le tout avec un goût pour la couleur et un humour noir très malin. C’est l’histoire dingue d’une réalisatrice qui débarque à Hollywood au début des années 90 et qui se trouve perdue dans un monde de sexe, de magie, de vengeance et de chatons. Remplie de blagues métas, la série est une parodie judicieuse de l’industrie du cinéma. La cerise sur le gâteau, c’est que la protagoniste est jouée par l’incroyable Rosa Salazar, qui avait déjà défié notre imagination dans la série animée psychédélique Undone. Enjoy !
• Les Belges Sine et Imge Özbilge ont réalisé le court métrage #21xoxo, qui fait partie de l’anthologie animée Plan cul la praline sortie en salles cet automne.
 
Jakrawal Nilthamrong
Je choisi Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi comme mon film préféré de l’année. C’est un développement parfaitement de l’oeuvre de Murakami, il y a comme une familiarité avec les personnages de ses romans. J’espère que beaucoup de gens auront la chance de le voir !
• Le Thaïlandais Jakrawal Nilthamrong a réalisé Anatomy of Time, sélectionné entre autres à la Mostra de Venise et à Busan. Ce film sortira début 2022 en France.


Maja Gehrig
J’ai adoré plusieurs films programmés au Fantoche FilmFestival cette année. L’un d’entre fut le lauréat de cette édition : The Fourth Wall de Mahboobeh Kalaee, un mélange de différentes techniques d’animation analogiques. Entendre la réalisatrice parler de son expérience et des conditions de travail en Iran était très touchant. Un Kilomètre à pied de Mathieu Georis est un chef d’œuvre, notamment grâce à son utilisation de la lumière et à sa manière de combiner une technique classique (de la peinture sur verre) avec de l’animation 2D. J’ai aussi aimé See Me de Patty Stenger pour la cohérence de son récit et l’originalité de son design graphique. Le son y joue un rôle très important. La voix-off est parfaite car sans rien surligner, elle donne à ressentir ce que c’est que d’être un enfant entouré uniquement d’adultes.
• La Suissesse Maja Gehrig a réalisé le court métrage Average Happiness, qui fait partie de l’anthologie animée Plan cul la praline sortie en salles cet automne.
 
Natesh Hegde
Mon film préféré de l’année est Les Promesses d’Hasan de Semih Kaplanoğlu.
• L’Indien Natesh Hegde a réalisé Pedro, dévoilé à Busan et primé au Festival des 3 Continents.
 
Nino Martinez Sosa
Je peux parler de deux films qui m’ont beaucoup impressionné. Le premier étant Il Buco de Michelangelo Frammartino, pour avoir tant dit avec si peu. La deuxième, Memoria de Apichatpong Weerasethakul, car encore une fois il m’a fait croire que le cinéma peut toujours aller plus loin pour définir l’être humain.
• Le Dominicain Nino Martinez Sosa a réalisé Liborio, qui a été dévoilé à Rotterdam.


Baran Sarmad
First Cow de Kelly Reichardt.
• L’Iranienne Baran Sarmad a réalisé le court métrage Spotted Yellow, sélectionné entre autres à Locarno. Elle est également productrice de Orthodontics de son compatriote Mohammadreza Mayghani, sélectionné à Cannes.
 
Marion Naccache
ALL POWER TO THE PEOPLE (5-29-2020 through 3-30-2021) de Tom Jarmusch.
Tom Jarmusch décrit son film comme des « moments de combats dans les rues de New York pour les BLACK LIVES, les BLACK TRANS LIVES et la Justice ». C’est un des films qui m’ont le plus émue cette année. Dans les images parfois tremblantes, parfois embuées, toujours à la limite de l’hypersensibilité de Tom Jarmusch, on voit se déployer un moment d’engagement politique dont l’urgence semble décupler la puissance et la force de vie d’autant plus joyeuse qu’elle est constamment menacée. Le film est en accès libre depuis l’ouverture de l’exposition où il a été montré à Séoul il y a quelques mois.
Et aussi Marinheiro Das Montanhas de Karim Aïnouz que j’ai eu la chance de voir hier soir au (magique) Festival de Rio. Le film est encore plus merveilleux que ce que j’imaginais et c’était vraiment émouvant de voir, depuis Rio de Janeiro, se tisser le lien entre l’Algérie et le Brésil des années soixante, Fortaleza et la Kabylie, et l’amour d’Iracema.
• La Française Marion Naccache a réalisé Venice Beach, CA., qui a été dévoilé en début d’année au Festival Cinéma du Réel.
 
Mathilde Chavanne
Les films qui me reviennent le plus en mémoire, c’est Compartiment n°6 de Juho Kuosmanen et Freda de Gessica Geneus. Ils ont fait empreinte !! Mais aussi Milla de Shanon Murphy que j’ai adoré.
• La Française Mathilde Chavanne a réalisé le court métrage Simone est partie, qui a été dévoilé à la Quinzaine des Réalisateurs.


ismaël
Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi, Memoria d’Apichatpong Weerasethakul et First Cow de Kelly Reichardt. Mon cœur balance entre ces trois pierres angulaires d’un cinéma à la fois sensoriel, sentimental et spectral, à l’ascèse duquel surgissent tous les possibles…
 
S’il fallait n’en choisir qu’un, Memoria. Car de plus, il constitue une plus grande prise de risque d’un cinéaste continuellement en quête d’ailleurs et qui est toujours là où on ne l’attend pas.  En l’occurrence ici au cœur d’un territoire qui lui est étranger, remodelant une actrice au sommet de la hype du world cinema et dans le même geste (comme si tout ce qui précédait n’était pas déjà assez) une immense (audio)vision de l’état du cinéma.
• Le Tunisien ismaël a réalisé Black Medusa, qui a été dévoilé au Festival de Rotterdam.
 
Marie Jacotey & Lola Halifa Legrand
Ensemble : Annette de Leos Carax.
Lola Halifa Legrand : Et Tre piani de Nanni Moretti.
• Les Française Marie Jacotey et Lola Halifa Legrand ont réalisé le court métrage Filles bleues, peur blanche, qui fait partie de l’anthologie animée Plan cul la praline sortie en salles cet automne.
 
Nicolaas Schmidt
Celui qui m’est resté en tête est Memoria d’Apichatpong Weerasethakul. Un autre long métrage qui m’a profondément touché et que j’ai regardé à nouveau chez moi est Le Septième continent de Michael Haneke. Le regarder est difficile, mais ça reste l’un de mes films préférés !
• L’Allemand Nicolaas Schmidt a réalisé le moyen métrage FIRST TIME [The Time for All but Sunset – VIOLET], primé au Festival de Locarno.


Tim Leyendekker
Voici mon top 12 des films préférés de 2021.
1. El Planeta, Amalia Ulman
2. Surviving You, Always, Morgan Quaintance
3. One Says No, Zhao Dayong
4. Benedetta, Paul Verhoeven
5. Fils de plouc, Lenny & Harpo Guit
6. Ste. Anne, Rhyane Vermette
7. Lavish Issue, Alžběta Bačíková
8. Just A Movement, Vincent Meese
9. Toute une nuit sans savoir, Payal Kapadia
10. Rebel Dykes, Harri Shanahan, Sîan Williams
11. France, Bruno Dumont
12. Pleasure, Ninja Thyberg
• Le Néerlandais Tim Leyendekker a réalisé Feast, sélectionné entre autres à Rotterdam et primé à Cinéma du Réel.
 
Itonje Soimer Guttormsen
C’est peut-être parce que cette année a été si fragile et parce que j’ai moi-même fait un film, mais j’ai été particulièrement sensible à la magie et la transcendance du cinéma. Voici, dans l’ordre chronologique des festivals où je les ai vus, les films qui m’ont le plus touchée, ont ouvert mes horizons et me restent le plus à l’esprit en ce doux mois de décembre.
 
A Rotterdam : intelligent et tout simplement délicieux, Friends and Strangers de James Vaughan propose un regard décalé sur les dilemmes des riches Australiens. I comete de Pascal Tagnati m’a fascinée par sa présence chaleureuse dans la vie d’un village et son élégante combinaison de points de vue. Le très original Pebbles de Vinothraj P.S parvient à dire beaucoup sur la pauvreté et la masculinité dans l’Inde du sud. Le superbe Au commencement de Dea Kulumbegashvili fait le portrait sensible de la communauté des témoins de Jéhovah en Géorgie sous la forme d’un suspense de poche.
 
A New Horizon : Vortex de Gaspar Noé est une incroyable incarnation cinématographique du désespoir chez un couple âgé qui sombre dans la démence. El actor principal de Paula Markovitch suit un performer des rues sans domicile fixe qui se trouve aussi être l’acteur principal d’un film sélectionné à Berlin. Tourné le soir de la première, le film montre le fossé qui séparent les privilégiés du cinéma du reste du monde.
 
A Thessalonique : Clara Sola de Nathalie Álvarez Mesén est un conte énigmatique sur un éducation mystique au cœur des forêts du Costa Rica.
 
A CPH:PIX : The Trouble With Nature du Danois Illum fut pour moi l’éclat de rires de l’année. C’est un coup de génie qui dépeint le philosophe du 17e siècle Edmund Burke qui galère à comprendre la nature lors d’un voyage dans les Alpes. Sous le ciel de Koutaïssi du Géorgien Alexandre Koberidze est une œuvre profondément originale qui m’a fait retrouver la joie de raconter une histoire.
• La Norvégienne Itonje Soimer Guttormsen a réalisé Gritt, dévoilé au Festival de Rotterdam. Gritt fait partie de notre dossier consacré aux meilleurs films inédits cette année en France.
 
Ousmane Samassékou
Mon film préféré parmi tous ceux que j’ai vus en 2021 est Zinder de Aïcha Macky. Je trouve que c’est un sujet qui a été rarement traité en Afrique : la survie des jeunes des ghettos, qu’est-ce qui fait qu’une jeunesse se retrouve à faire des choses illégales ou devienne un contre-état. C’est un film qui garde la dignité des personnages et nous livre leurs différentes histoires avec beaucoup de subtilité et d’humanité.
• Le Malien Ousmane Samassékou a réalisé Le Dernier refuge, Grand Prix au Festival CPH:Dox.


Clément Safra
Pour moi, c’est West Side Story de Steven Spielberg.
• Le Français Clément Safra a réalisé Le Peuple des miroirs, disponible en vod.
 
Dash Shaw
J’ai adoré Claydream, le documentaire sur Will Vinton. C’était le film parfait à regarder tout en accompagnant Cryptozoo, et en réfléchissant à ce qu’il faut faire pour créer des longs métrages d’animation inhabituels et indépendants, ce qui est une mission difficile en particulier aux États-Unis. Merci beaucoup à Marq Evans d’avoir réalisé ce documentaire.
• L’Américain Dash Shaw a réalisé Cryptozoo, un film d’animation sélectionné entre autres à Sundance, la Berlinale, Annecy et plus récemment au Festival Carrefour du cinéma d’animation.
 
Ferit Karahan
Je suis très heureux d’avoir vu ces films cette année. Chacun d’entre eux est si intense et m’a touché.
1. Desserrer les poings, Kira Kovalenko
2. Un monde, Laura Wandel
3. Titane, Julia Ducournau
4. Apples, Christos Nikou
5. Au commencement, Dea Kulumbegashvili
6. A Chiara, Jonas Carpignano
7. Un endroit comme un autre, Uberto Pasolini
8. Lamb, Valdimar Jóhannsson
9. Bad Luck Banging or Loony Porn, Radu Jude
10. Drive My Car, Ryusuke Hamaguchi
• Le Turc Ferit Karahan a réalisé Brother’s Keeper, primé entre autres à la Berlinale et Antalya.
 
Maxence Stamatiadis
Mes obsessions de cinéma tournent autour du deuil, de la technologie et de l’impossibilité de convoquer les disparus. L’année 2021 fut en ce sens, riche de cinéma.
 
La séquence la plus marquante de l’année : le retour de Luke Skywalker dans le dernier épisode de la série The Mandalorian
Un chevalier encapuchonné s’avance dans les couloirs d’un vaisseau : il ne peut s’agir que de Luke Skywalker. Mais suivant la chronologie de l’histoire, Luke serait dans sa trentaine, or son acteur Mark Hamill est septuagénaire. On assiste à une résurrection christique et, un instant, la foi nous gagne. Il suffit de voir les nombreuses vidéos postées sur YouTube pour s’assurer du bouleversement profond que provoque cette image. Mais dès sa première réplique, quelque chose ne va pas. Sa manière de bouger, son regard inexpressif, le mouvement saccadé de sa tête. Luke n’est pas revenu, ni tous ces gens qui manquent dans nos vies. Cette impossibilité fondamentale rend le geste de Disney si bouleversant : déployer des technologies de pointe pour faire émerger cet instant, pendant lequel un petit miracle se produit dans nos cœurs, et où ceux qui sont partis réapparaissent devant nous.
 
L’image la plus vue : après Luke Skywalker, c’est Néo, le techno-messie de la trilogie Matrix des sœurs Wachowski, qui tease sa résurrection. À elle seule, la bande-annonce du prochain opus a provoqué plus d’émotions que bien d’autres films vus cette année. Néo est mort en 2003, pourtant nous le retrouvons bel et bien vivant. À croire que le blockbuster est devenu le champ idoine de ces expérimentations pour réanimer les morts…
 
Palme de la mise en scène : le héros de Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi a surpris sa femme en train de faire l’amour avec un autre homme. Avant de rentrer la confronter, il gare sa voiture dans son parking automatique. Encore stupéfait, il se verse un collyre dans les yeux. La goutte coule le long de sa joue remplaçant les larmes qu’il n’arrive pas à verser. A la scène suivante, il trouve sa femme morte à qui il n’aura eu le temps d’adresser ni ses aurevoirs, ni ses reproches. De la grande mise en scène et dans une telle économie de moyens.
 
Le meilleur postulat de sf : le même Ryusuke Hamaguchi dans Contes du hasard et autres fantaisies. Un carton ouvre le 3ème segment du film : un virus a détruit Internet. Les humains sont revenus à une existence pré-numérique. Le futur ressemble à s’y méprendre au présent. Rien n’a changé et pourtant tout a changé. De la science-fiction parfaite.
 
Une dernière apparition saisissante : le retour de Loana sur le plateau de TPMP. Hagarde, l’élocution pâteuse, la mâchoire étrangement disloquée et le regard absent. Prise dans un cycle de renaissance et d’effondrement, qui s’accélère comme un vortex et se nourrit de sa propre énergie, Loana incarne une certaine image de l’impossible retour.
• Le Français Maxence Stamatiadis a réalisé Au jour d’aujourd’hui, sélectionné entre autres à Rotterdam et montré en France au FIFIB.


Dossier réalisé par Nicolas Bardot et Gregory Coutaut le 22 décembre 2021. Un grand merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé.


L’année ciné 2020 par celles et ceux qui l’ont faite
L’année ciné 2019 par celles et ceux qui l’ont faite
L’année ciné 2018 par celles et ceux qui l’ont faite

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