Entretien avec Babouchka Babouche

La France a loupé le coche au printemps dernier en ne l’élisant pas Présidente de la République, mais Babouchka Babouche n’a pas dit son dernier mot. Dans sa websérie en 5 épisodes (dont les deux premiers sont visibles ici et et le tout nouveau en bas de cet article), la drag queen, femme politique et mannequin dépeint son chemin périlleux vers l’Elysée. Babouche, du bagou et pas de tabou, nous en dit davantage sur ce projet ainsi que sur ses inspirations cinéma.


Comment définirais-tu le personnage de Babouchka Babouche ?

Drag queen, femme politique et mannequin, Babouchka Babouche est avant tout une femme forte qui s’est construite seule dans un monde d’hommes. Malgré la jalousie et la controverse, Babouche se sait belle et rebelle. Le glamour est sa drogue, et sa verve son arme. Oui elle aime se mettre en avant, mais c’est parce qu’elle sait que ses idées ne pourront exister que tant qu’elle, existe. Depuis sa défaite aux présidentielles de 2022, Babouche se remet en question, elle hésite à se lancer dans la chanson ou à devenir tiktokeuse.



Y a-t-il des films ou des personnages qui ont nourri ton inspiration pour ce projet ou pour ton drag en général ?

J’ai tenu à remercier dans le générique de la série les trois grandes influences qui m’ont offert la nourriture nécessaire à faire tourner mon moteur créatif imaginaire : tout d’abord Rebeka Warrior dont la chanson J’aime mon pays fut ma première performance en tant que Babouchka Babouche et la ligne politique que je porte depuis. Ensuite, Coluche, qui n’a certes pas mes qualifications de mannequin, mais le premier à prouver qu’un clown pouvait porter les idées du peuple. Et enfin, Jean-Pascal Zadi qui avec son film Tout Simplement Noir est parvenu à séduire les critiques du Parti des Indigènes de la République jusqu’au Figaro, sans jamais avoir à renoncer à son humour ou à son intelligence.

Pour ce qui est de Babouche Présidente ! Nous attendons toujours notre article dans Le Figaro mais nous ne perdons pas espoir. Enfin, je pense que je dois rendre hommage aux actrices françaises, à leurs grands rôles mais aussi à leurs grands moments de télévision, chez Ruquier ou Ardisson qui m’ont marqué comme de la sauce tomate sur une chemise blanche toute neuve.

Comment est née l’idée de cette série Babouche présidente! ?

Babouchka Babouche a toujours été candidate à la Présidence de la République. Néanmoins, il faut reconnaitre que des problèmes d’organisation intrinsèques et une personnalité par moment caractérielle l’ont empêchée de devenir la candidate de l’union qu’elle espérait être. Ainsi, cette série vérité est l’occasion de revenir sur cette campagne qui n’a pas vraiment eu lieu, d’offrir en quelques épisodes une autre idée de la France et de pourquoi pas faire réfléchir, rire ou pleurer, idéalement en même temps.



Quels postes as-tu occupés à la création de cette série ?

L’expression « there is no i in team » se traduit mal en français mais heureusement et bien que je vive en ville, la traduction d’« it takes a village » marche mieux. Et, en l’occurrence, si j’ai eu l’idée de cette série et que j’ai commencé à l’écrire seul, ce n’est qu’avec l’aide de Camille Delaunay au scénario et de Sarah Dehili à la production que le projet a pu avancer. Je n’ai pas de trouble de la personnalité multiple mais je pense qu’en un sens, Babouchka Babouche a sa propre vie donc je l’ai laissée jouer et avec Oriane Trably à l’image et Valentin Keung au son, nous avons tourné ces quelques épisodes.

Une drag queen présidente, qu’est-ce que cela apporterait de différent ?

Bien sûr Babouche rêve de devenir présidente de la République, mais je pense que son message est surtout de dire que si MOI je peux faire ça pourquoi pas vous ? Certes, elle a un beauty-privilege, une personnalité charismatique et un nombre de qualités étonnant, mais Babouche a également ses failles et à travers elles, elle démontre que parfois il faut oser. Je ne crois pas à l’effrayante doctrine du « quand on veut, on peut » et à sa descendance néo-libérale mais je suis persuadé que beaucoup de superbes personnes s’auto-censurent et s’interdisent de vivre leur vie et de changer de monde parce qu’elles pensent ne pas être assez bien. Pourtant il suffit d’ouvrir internet pour voir qu’Emmanuel Macron s’est pensé assez bien pour nous diriger, ce qui devrait être inspirant pour le plus grand nombre.

On me demande souvent quel est le programme politique de Babouche et si je pense qu’il gagnerait à être rédigé en concertation avec un panel de nanas en or, il se résume pour l’instant à quelques idées simples : de la justice sociale, du fric pour celles et ceux qui n’en ont pas, et de l’écologie svp le drag ne se prête pas à la canicule.



D’après toi, quels sont les films qui parlent le mieux (ou le moins bien !) de politique ?

Outre Tout Simplement Noir qui a déjà été mentionné, je pense à des films comme Election d’Alexander Payne, Woman at War de Benedikt Erlingsson ou encore The We and the I de Michel Gondry. Et puis Costa-Gavras, Chaplin et Spielberg pour faire sérieux ?

Tu es par ailleurs étudiant en cinéma, qui sont les cinéastes qui t’inspirent ?

En bon homosexuel, j’aime les grands drames holywoodiens comme Sunset Boulevard et Mulholland Drive, les comédies musicales de Stanley Donen et Gene Kelly, les films de stoner de Gregg Araki, les comédies de Paul Feig avec Melissa McCarthy et du Splendid sans Melissa McCathy (mention particulière pour ce chef d’oeuvre qu’est Gazon Maudit), les Looney Tunes et les films d’horreur de John Carpenter (on est nés le même jour, comme Alyssa Edwards et Kate Moss.) Et Flashdance !


Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 23 août 2022. Crédit portrait Jean Ranobrac.

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