Critique : Venez voir

Une nuit d’hiver à Madrid, deux couples d’amis trentenaires dînent. Susana et Dani se réjouissent de leur nouvelle maison, en périphérie de la ville et proche de la campagne, puis annoncent l’arrivée prochaine d’un enfant. La nouvelle déstabilise Elena et Guillermo qui ne semblent pas partager les mêmes projets de vie. Trois mois plus tard, Elena et Guillermo rendent visite à leurs amis.

Venez voir
Espagne, 2022
De Jonás Trueba

Durée : 1h04

Sortie : 04/01/2023

Note :

VOUS N’AVEZ ENCORE RIEN VU

Quelques mois après la sortie dans les salles françaises de son film-fleuve Qui à part nous, l’Espagnol Jonás Trueba est déjà de retour avec Venez voir. C’est, en comparaison, une miniature (à peine plus d’une heure) mais le titre original nous promet monts et merveilles : Tenéis que venir a verlavous devez venir voir. Que regarde t-on dans le nouveau film de Trueba ? Un pianiste qui joue, dans un bar au cœur de Madrid. Les protagonistes ne le quittent pas des yeux, tandis qu’on les regarde eux. Le réalisateur scrute l’essentiel dans les scènes les plus dédramatisées.

Ce passage est filmé en temps réel, aucune coupe dans l’interprétation du pianiste. Le temps est ici une matière malléable, et au temps réel peut succéder une ellipse de six mois. Ces deux couples de trentenaires sont racontés en quelques traits, quelques conversations, et cela fonctionne. La douceur avec laquelle les protagonistes sont dépeints est une richesse, et Trueba parvient à éviter les clichés mêmes lorsque les conversations sophistiquées à table tournent autour de Rilke tandis que l’on boit du vin.

Au centre du film : l’art, son importance, et la façon dont les œuvres nous regardent. C’est également le clin d’œil opéré par le décrochage final, une mise en abyme légèrement surlignée. Mais, à l’image de son superbe Eva en août, Jonás Trueba fait preuve d’un grand talent pour filmer quelques riens – peu de cinéastes filment aussi bien l’été, ses déambulations, son temps ralenti, incarnant tout cela avec une attachante poésie.

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par Nicolas Bardot

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