Busan 2020 | Critique : Snowball

Kang-Yi, So-Young et Ah-Ram sont trois amies qui fréquentent le même lycée. Si Kang-Yi ressemble à une fille comme les autres, So-Young a de grands rêves et souhaite devenir mannequin tandis qu’Ah-Ram est unique à sa propre façon. Un jour, elles décident de fuguer de chez elles. Mais les choses ne sont pas si simples…

Snowball
Corée du Sud, 2020
De Lee Woo-Jung

Durée : 1h50

Sortie : –

Note :

GRAND FROID

Trois jeunes lycéennes en ont marre – elles ont évidemment bien raison – et décident ensemble de s’enfuir. On imagine Snowball, premier long métrage de la Coréenne Lee Woo-Jung, s’inscrire dans les codes classiques du récit d’apprentissage adolescent avec son émancipation fugueuse. Le film est finalement plus surprenant que cela, ne serait-ce que par l’amertume qu’il affiche lorsque même la fuite adolescente semble sans issue.

Comme souvent dans les nombreuses fictions de souffrance adolescente coréennes, les adultes prennent cher dans Snowball. D’enseignants harceleurs en parents pathétiques, les jeunes gens paraissent ici livrés à eux-mêmes alors qu’ils dorment encore avec leurs peluches. Une banderole louant les « rêves et défis » des lycéennes est avec cynisme accrochée sur le fronton de l’école. Mais quel chemin suivre pour les jeunes filles quand, comme le confesse l’héroïne en voix-off, « l’irrationnel et la violence gouvernent nos vies » ?

Kang-Yi se retrouve prise dans une relation abusive, dans des conditions qu’il faut découvrir en voyant le film. Lee nous fait partager son immense solitude à travers une aspérité assez naturaliste. Elle offre un point de vue singulier sur ce fantasme adolescent de se retrouver dans un lieu neuf où l’on se sentirait étrangère. Seule dans sa prison, Kang-Yi est déjà étrangère à tout dans son quotidien, chez elle comme au lycée. Les flocons s’amoncellent et tombent sur ce qu’elle doit endurer. Snowball est un premier essai réussi, dont l’absence de compromis est assez prometteuse.

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par Nicolas Bardot

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