Critique : Pénélope mon amour

Claire Doyon filme depuis l’enfance sa fille atteinte d’une maladie dégénérative. À partir de ces archives et de son journal, la cinéaste a fait un film de cinéma où la caméra devient un lien entre elles deux.

Pénélope mon amour
2021, France
De Claire Doyon

Durée : 1h28

Sortie : 12/10/2022

Note :

A NOS AMOURS

Pendant des années et des années, Claire Doyon a filmé sa fille, Pénélope, et de ces heures de rushes est né le documentaire Pénélope mon amour. C’est un dispositif qui pourrait rappeler les œuvres de Aslaug Holm (Brødre : Markus et Lukas), Marie Dumora (Belinda) ou encore Sébastien Lifshitz (Adolescentes) – mais le point de vue ici est différent. Une sage-femme, au moment de l’accouchement, conseille à la réalisatrice d’accompagner son enfant. C’est littéralement de cela qu’il sera question dans le film, et dans la vie de Claire Doyon qui découvre que Pénélope est atteinte du syndrome de Rett.

Chacun a son avis sur la question : « il n’y a que l’amour qui soigne » pense la grand-mère, « il faut faire le deuil de votre enfant » dit sans ménagement une soignante. Doyon filme sa fille mais elle raconte aussi l’espoir dont elle ne se défait pas. Un espoir qui lui fait faire le tour du monde, de New York à la Mongolie, à la recherche du traitement ou du moins de l’accompagnement le mieux adapté. La cinéaste, pour présenter son film au FIDMarseille où il a fait sa première mondiale, se questionne : « quels chemins emprunte-t-on pour accompagner des êtres fragiles ? ».

Doyon parle également de la caméra comme d’une arme pour résister. Il n’est pas question de cacher sa fille dans un hôpital. Qu’est-ce que ces images disent, qu’est-ce qu’un regard imprimé sur une photo peut évoquer ? Quels souvenirs, même mauvais, sont convoqués ? La voix-off prend la forme d’un journal, avec ses humeurs différentes, ses émotions, son aspérité. Sans mièvrerie ou bons sentiments, le film questionne avec pertinence ce qui est perçu comme normal ou non selon l’environnement, selon une autre perspective. La cinéaste examine de manière poignante le lien d’une mère à sa fille, tout en n’éludant pas le fait que chacun doit vivre sa vie.

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par Nicolas Bardot

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