TIFF 2019 | Critique : Pause

Elpida est une femme au foyer confrontée aux premiers signes de la ménopause. Elle est piégée dans un mariage sans amour avec un homme impitoyable et despotique. En même temps qu’elle subit des changements physiques, son esprit et sa perception de la réalité sont aussi graduellement touchés …

Pause
Chypre, 2018
De Tonia Mishiali

Durée : 1h36

Sortie : –

Note :

STRIKE A PAUSE

Pause s’ouvre par une scène de comédie sur un sujet qui n’a rien de drôle – et c’est sur cette dynamique qui va souvent fonctionner le premier long métrage de la Chypriote Tonia Mishiali (lire notre entretien). Un gynécologue liste 36 symptômes qualifiés de tout à fait normaux à l’âge de l’héroïne, Elpida. Peu importe s’ils lui pourrissent (ou pourriront) la vie, peu importe si elle souffre – le message du médecin taciturne étant qu’il est normal, pour elle, de souffrir.

Et Elpida semble avoir une certaine expertise en la matière. Cette femme, à qui l’on a du mal à donner un âge précis, est mariée au pire odieux détritus possible – mais qui ressemble à plein d’hommes que vous croisez tous les jours dans la rue ou dans le métro. Elle n’est plus qu’une domestique bénévole et le film deviendrait rapidement insupportable s’il ne faisait pas preuve d’autant d’humour noir. Mishiali, à cet égard, manie avec une certaine habileté les respirations et ruptures de ton.

Elpida fomente en mangeant une biscotte. Mais que peut-elle bien espérer ? De quelle pause parle le titre ? Celle qu’elle doit prendre, ou est-ce sa vie qui est en pause depuis son mariage ? Plus qu’un récit sur l’émancipation féministe, Pause décrit la difficulté qu’il y a à sortir de la cage dans laquelle la société nous enferme. Au-delà du rapport toxique entre un homme et une femme, le long métrage observe une organisation patriarcale dans son ensemble. On est souvent dans la tête d’Elpida, dans ses fantasmes et espoirs ; et c’est l’endroit le plus intéressant et fragile que Mishiali observe : celui où l’on saute ou non le pas. Le dénouement ménage jusqu’au bout l’ambigüité avec dans tous les cas une noirceur tragique derrière les rires.

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par Nicolas Bardot

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