Critique : Mes rendez-vous avec Léo

Nancy Stokes, enseignante à la retraite, a vécu une vie sage et sans excès. Après la mort de son mari, elle est prise d’un inavouable désir d’aventure. Elle s’offre alors les services d’un jeune escort boy, Léo Grande. Mais cette rencontre improbable pourrait leur apporter bien plus que ce qu’ils recherchaient et bouleverser le cours de leur vie…

Mes rendez-vous avec Léo
Royaume-Uni, 2022
De Sophie Hyde

Durée : 1h37

Sortie : 30/11/2022

Note :

TOUT CONFORT

La chambre d’hôtel dans laquelle se déroule Mes rendez-vous avec Léo est d’un confort moderne et discret, sans personnalité particulière mais suffisamment chaleureuse pour se prêter à un rendez-vous amoureux. Ou, du moins, à une transaction sexuelle certes anonyme et tarifée mais pas trop sordide pour autant. Un peu de dignité et de bienveillance, c’est justement ce que souhaite Nancy, sexagénaire coincée mais élégante, lorsqu’elle s’achète les service du jeune et beau Léo. Ici le client est une dame et l’escort un garçon : voilà la principal contrepied du scénario. Celui-ci et d’autant plus mis en avant que la mise en place est volontairement sobre : seulement deux personnages, un unique décor, et une quasi-unité de temps (sur ce point, le titre français gâche un peu la surprise par rapport à l’original, Good Luck to You, Leo Grande).

Ce point de départ décalé n’empêche pourtant pas le scénario de suivre une formule familière. Nancy et Léo se séduisent, se méprennent, se fâchent et se réconcilient selon le schéma classique de la comédie romantique. Mais tout comme la chambre d’hôtel, la prévisibilité relative de Mes rendez-vous avec Léo n’empêche pas de s’y sentir bien accueilli, et l’absence de coups de théâtre ne signifie pas nécessairement une absence de relief. En effet, si le scénario ne révolutionne pas forcément le discours sur les travailleurs du sexe, il possède un point de vue plus percutant et inattendu sur la présence ou l’absence de vie sexuelle chez les femmes âgées.

A ce titre, le meilleur relief du film provient de l’excellente performance d’Emma Thompson, aussi parfaite quand il s’agit de jouer la comédie de caractère avec son personnage de bourgeoise balbutiante, que lorsqu’elle épouse le basculement du scénario vers le drame poignant. Particulièrement investie (y compris physiquement) et dotée d’un personnage sans doute davantage fouillé que celui de Léo, elle est le véritable moteur de ce film accessible et attachant.

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par Gregory Coutaut

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