Critique : Magdala

Depuis la mort de Jésus, Marie-Madeleine s’est retirée hors du monde. Ses cheveux sont devenus blancs, elle se nourrit de baies, boit l’eau de pluie et dort parmi les arbres. Seule au cœur de la forêt, elle se souvient de son amour perdu. Elle cherche un chemin pour le retrouver.

Magdala
France, 2022
De Damien Manivel

Durée : 1h18

Sortie : 20/07/2022

Note :

J’ATTENDS QUE LE CŒUR L’EMPORTE

Le précédent film de Damien Manivel, Les Enfants d’Isadora, se terminait sur une image de la chorégraphe et danseuse Elsa Wolliaston levant les yeux au ciel, d’un air presque mystique. C’est cette image qui a fait germer chez le cinéaste le désir de la filmer à nouveau et de lui proposer un rôle particulièrement inattendu: Marie-Madeleine. Même avec ce lien en tête, Magdala se détache pourtant rapidement du reste de l’œuvre du cinéaste. Ce n’est pas tant que Manivel renie l’épure gracieuse qui caractérisait ses superbes films jusqu’ici, mais plutôt qu’il vient radicaliser celle-ci à l’extrême.

Magdala est un film possédant son rythme propre, d’une lenteur quasi figée. C’est également un film presque muet, épousant le quotidien de son héroïne fait de pure contemplation. Marie-Madeleine erre dans les bois, posée parmi les buissons tel un gros rocher. Elle observe un insecte lui grimper sur la main. Certaines scènes possèdent une inspiration contagieuse, d’autres sont hélas alourdies par une lenteur forcée, presque inutile. Magdala se situe dans un équilibre précaire entre une modestie extrême et le soupçon d’une lourde complaisance.

Manivel déplace encore plus loin le curseur de sa ligne claire, jusqu’à rendre la tâche très difficile pour le spectateur au moment d’entrer en connexion avec ce qu’il voit. C’est dans son dernier tiers que ce film abat ses meilleurs cartes, offrant des compositions picturales puissantes, évoquant George de la Tour ou Pedro Costa. Dommage que la pesanteur du chemin qui mène à ces visions s’apparente à une épreuve.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article