Festival Chéries-Chéris | Critique : José

José, 19 ans, vit seul avec sa mère, oeuvrant chacun de son côté à de petits métiers pour assurer leur ordinaire : elle vendant sans licence des sandwichs, lui rabattant à un carrefour les clients potentiels vers un restaurant. Sa rencontre avec Luis, venu de la Côte pacifique du pays pour gagner sa vie comme manoeuvre sur des chantiers de construction à Guatemala City, conduit José à réinvestir la part intime mais cachée de son existence.

José
Guatemala, 2018
De Cheng Li

Durée : 1h25

Sortie : –

Note : 

LE MUR INVISIBLE

Dès le tout-petit matin dans José, alors qu’il fait encore nuit, un prédicateur tente de vendre sa soupe aux passagers d’un bus à demi endormis. Plus tard, le héros du film et son amoureux sont dans la rue, tandis qu’une procession religieuse prend toute la place et attire toute l’attention. Voilà en partie ce que raconte le long métrage du Chinois Cheng Li, tourné au Guatemala : comment la société peut, à coups de boutoir, écraser l’individu, a fortiori quand celui-ci n’est pas conforme à ses exigences. La religion et ses conventions mortifères occupent tout l’espace dans José, pendant que le jeune héros fait l’amour dans des hôtels cachés ou checke discrètement son appli sur son téléphone.

Cheng filme avec tendresse les relations amoureuses, les baisers échangés à moto, les cicatrices parcourues sur la peau. Certaines des cicatrices viennent des membres-mêmes de la famille et le film décrit une double misère : celle, matérielle, dans laquelle les personnages survivent, et la double peine des homosexuels qui sont amenés à vivre à la marge de la marge. C’est aussi une question d’identité qui est posée, comme l’illustre cette statue de divinité dont le visage est pratiquement effacé. « On doit s’y faire » commente la grand-mère au sujet de ses malheurs.

Queer Lion à la dernière Mostra de Venise, José explore de manière convaincante son sujet fort. On regrette néanmoins que le film, certes solide, n’ait pas un peu plus de relief. Il s’inscrit dans une veine de cinéma queer formellement et narrativement assez scolaire, et qui sur la longueur amoindrit le potentiel mélodramatique de son récit.

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par Nicolas Bardot

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