DVD | Critique : Ham on Rye

Tous les adolescents de la ville natale de Haley s’habillent pour ce qu’on appelle “ le jour le plus important de leur vie…” Avec une excitation nerveuse, ils effectuent un pèlerinage à travers la ville, attirés par un destin inconnu. Haley marche d’un pas plus réticent, sceptique quant à la tradition et à l’étrange rite de passage à l’âge adulte qui les attend à leur destination. Quand ils arrivent enfin chez Monty, le fast-food local, les groupes d’adolescents se réunissent pour une cérémonie surréaliste de nourriture, de danse et d’angoisse romantique qui déterminera le cours de leur vie pour toujours.

Ham on Rye
États-Unis, 2019
De Tyler Taormina

Durée : 1h25

Sortie : 08/12/2021 (03/05/2022 en dvd)

Note :

NOT ANOTHER TEEN MOVIE

On connaît par cœur les figures et motifs qui apparaissent dès le début de Ham on Rye, premier long métrage de l’Américain Tyler Taormina. Ce teen-movie là, ces gamins qui se préparent vraisemblablement pour un bal de fin d’année, cette banlieue américaine… Le film est d’abord avare en dialogues, comme s’il n’avait pas besoin de nous expliquer ce qui se passe. Des silhouettes adolescentes sont filmées à contre-jour sous un ciel rose et tout semble nous installer en terrain connu. Une fois le film vu, on se dit que le jeune cinéaste est assez habile avec le trompe-l’œil.

Mais de quoi parlent les personnages au juste ? Vers quoi se dirigent-ils ? On croit connaître sur le bout des doigts ce décor rebattu mais quelle est vraiment la destination de ces jeunes gens ? Ils sont endimanchés comme pour participer à une absurde mise en scène – un bal peut-être, une remise de diplômes, ou autre chose ? Un rituel en tout cas, et au sentiment charmant, cette mélancolie sous ciel de vanille, succèdent peu à peu une anxiété, une angoisse. On va danser dans Ham on Rye, mais la danse sera raide car une vie entière semble dépendre d’un étrange rituel.

Le film se déroule t-il aujourd’hui, il y a dix ans, dans les années 80, dans une temporalité indéfinie, parallèle ? Taormina efface les traces tout en laissant quelques indices. Privilégie, à partir de figures familières, une certaine distance avec le réel pour donner matière à l’allégorie. C’est un récit du passage à l’âge adulte, c’est l’histoire de ceux qui s’émancipent et parviennent à quitter leur banlieue, c’est l’histoire de ceux qui échouent et restent dans un entre-monde. Toute la dernière partie du film est habitée par une amertume hantée, nocturne. Le peu de péripéties nous rend attentifs aux quelques décrochages du film, à son étrangeté post-Twin Peaks. Et il y a un talent certain ici dans le minimalisme, dans cette manière d’inviter la bizarrerie en un simple fondu sur une baudruche collée au plafond.


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par Nicolas Bardot

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