Festival de Gérardmer 2020 : notre bilan

Clap de fin pour le Festival du Film Fantastique de Gérardmer ! Le Polyester a visionné l’intégralité des films présentés en avant première (compétition, hors compétition et nuits spéciales). Quels ont été les temps forts de cette 27e édition ? Nous faisons le bilan.


Après une édition 2019 particulièrement pâlichonne, le Festival de Gérardmer a retrouvé des couleurs cette année. En tête et avec une certaine évidence, le triplement primé (Grand Prix, prix de la critique et prix du jury jeune) Saint Maud de la Britannique Rose Glass. Ce fascinant récit horrifique d’une infirmière qui cherche à sauver l’âme de la femme qu’elle soigne est d’une grande virtuosité – et ça n’est pourtant qu’un premier film. Celui-ci arrivera en salles en juin et on vous en reparlera. Parmi les autres œuvres qu’on retient de cette compétition, citons la fable SF Vivarium de l’Irlandais Lorcan Finnegan ou l’horreur atmosphérique de The Vigil de l’Américain Keith Thomas. Là aussi des premiers films, ce qui contrebalançait la présence en compétition de longs métrages à nos yeux assez avares en inspiration tels que 1BR : The Apartment, The Room ou Blood Quantum. Dans une compétition quasi-intégralement consacrée aux films tournés en anglais (8 sur 10!), Howling Village du Japonais Takashi Shimizu a reçu le prix du jury – son ton, son imaginaire et sa structure le faisaient effectivement assez facilement ressortir du lot. Pour 2021, on espère, comme il y a quelques années, plus de curiosité sur les nationalités représentées.

Hors compétition, The Lodge des Autrichiens Veronika Franz et Severin Fiala était la pépite à ne pas manquer. Les auteurs de Goodnight Mommy confirment qu’ils font partie des cinéastes du genre les plus intéressants du moment et leur style ne s’est pas affadi dans ce long métrage (là aussi) tourné en anglais. Celui-ci emprunte à nouveau au conte et en pervertit les figures de manière imprévisible, avec un mauvais esprit glaçant et jubilatoire. Le film sortira en dvd au printemps. Jumbo, l’ovni de la Belge Zoe Wittock, a également eu nos faveurs. Son pitch fou (une jeune femme tombe amoureuse d’un manège de fête foraine) est exactement ce qu’on cherche dans un festival de genre : un film déroutant, unique et iconoclaste. De l’autre côté du spectre de la créativité, La Dernière vie de Simon nous a semblé particulièrement industriel. On pouvait faire du classicisme de manière plus ludique, comme dans le thriller à tiroirs I See You de Adam Randall. On retiendra également la magistrale leçon de cinéma offerte par William Friedkin dans le passionnant Leap of Faith : William Friedkin on the Exorcist.

Le festival a également été l’occasion de jeter un regard dans le rétro avec des pépites classiques. Parmi celles-ci, Häxan de Benjamin Christensen, film muet des années 20 sur la sorcellerie à l’imaginaire extraordinaire, ou Les Lèvres rouges de Harry Kumel, l’étrange rencontre de la Hammer et de Jean Rollin avec une Delphine Seyrig on fire. Ces deux films seront prochainement réédités.

Retrouvez nos articles concernant les avant premières du festival ci-dessous.

Entretiens

« Il y a une attitude et une esthétique qui naissent de ce côté « mains dans le cambouis » » : notre entretien avec Chelsea Stardust, réalisatrice de Satanic Panic
« Cette tension qui précède la révélation, c’est ce que j’aime le plus » : notre entretien avec Keith Thomas, réalisateur de The Vigil

Compétition

1BR: The Apartment, David Marmor
Blood Quantum, Jeff Barnaby
Saint Maud, Rose Glass
Sea Fever, Neasa Hardiman
Howling Village, Takashi Shimizu
Répertoire des villes disparues, Denis Côté
Snatchers, Stephen Cedars & Benji Kleiman – ouverture
The Room, Christian Volckman
The Vigil, Keith Thomas
Vivarium, Lorcan Finnegan

Hors compétition

I See You, Adam Randall
Jumbo, Zoé Wittock
Leap of Faith : William Friedkin on the Exorcist, Alexandre O. Philippe
Memory – The Origins of Alien, Alexandre O. Philippe
Rabid, Jen & Sylvia Soska
The Lodge, Veronika Franz & Severin Fiala
Warning : Do Not Play, Kim Jin-Won

Nuits spéciales

Aquaslash, Renaud Gauthier
Satanic Panic, Chelsea Stardust

L’intégralité de notre couverture

Nicolas Bardot & Gregory Coutaut

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