Festival de Cannes | Critique : Down With The King

Money Merc, un célèbre rappeur, est censé composer un nouvel album dans une maison loin de tout. Mais, fatigué par sa carrière et la pression qui l’entoure, il se découvre un goût inattendu pour la vie de fermier.

Down With The King
Etats-Unis, 2021
De Diego Ongaro

Durée : 1h40

Sortie : –

Note :

UN ROI SANS DIVERTISSEMENT

Quel est ce roi dont il est question dès le titre du film? Qui règne sur ce coin paumé et anonyme des États-Unis ? Dès les premiers plans, le rappeur Mercury traine son imposante carrure avec l’aisance d’un propriétaire, mais dans cette morne forêt où il promène son spleen, son manteau de fourrure au luxe disproportionné le ferait paradoxalement plutôt passer pour un animal juste bon pour la chasse. Sans couronne, sans ornements, en tongs et en chaussettes dans des paysages quasi déserts, Mercury est un roi aussi absurde et vulnérable que celui du clip d’Enjoy the Silence de Depeche Mode.

Mercury a laissé son royaume derrière-lui, celui du milieu du rap et de la grande ville. Pour préparer son nouvel album et renouer avec l’inspiration, il s’est retiré dans le dernier lieu qui pourrait a priori l’accueillir à bras ouverts : en pleine région redneck, uniquement peuplée d’agriculteurs blancs et désargentés. Un lieu où il serait plutôt une tête à trancher qu’une tête couronnée. Cette expérience en terre inconnue, le cinéaste Diego Ongaro la fait également sienne, en mélangeant harmonieusement des acteurs professionnels (la révélation charismatique Jamie Neumann dans un second rôle finement écrit), semi-professionnels (le rappeur Freddie Gibbs dans le rôle-titre) et amateurs (tel un vieux fermier dans son propre rôle).

Avec ces postulats de départs (un pied dans le dépaysement comique, un autre dans l’approche documentaire), la principale et plus agréable surprise de Down With the King est sans doute son ton bienveillant. Il se dégage en effet une grande chaleur de ce petit film, non seulement grâce à la lumière automnale, mais aussi grâce à une écriture subtile qui laisse la bonne place à l’humour mais aussi à l’attente.

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par Gregory Coutaut

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