Festival d’Annecy | Entretien avec Špela Čadež

Au programme cette semaine au Festival d’Annecy, la cinéaste slovène Špela Čadež présente Steakhouse, un remarquable court métrage d’animation où la douceur éthérée des couleurs cache un cœur saignant. Dans ce film singulier, Liza tarde à rentrer chez elle tandis que son compagnon Franc lui a préparé un steak qui grille et qui grille… La réalisatrice est notre invitée.


Quel fut le point de départ de Steakhouse ?

Je me suis toujours intéressée de près à l’intimité des gens, surtout à l’intérieur des couples. Lorsque Gregor a imaginé le scénario de Steakhouse, j’ai immédiatement senti qu’il y avait là un immense potentiel pour aller explorer les dynamiques invisibles de la violence psychologique.

Qu’est-ce qui vous a amenée à choisir ce style d’animation en particulier pour raconter cette histoire?

Sur le plan narratif, Steakhouse possède un scénario particulièrement simple. C’est pour compléter ce coté très direct qu’il m’a fallu trouver l’atmosphère visuelle adéquate. Dans mon précédent film, Nighthawk, j’avais déjà utilisé ce style d’animation fait de papiers découpés et filmés en caméra multiplane. J’avais alors trouvé que cette technique permettait d’appréhender la narration de façon bien plus expérimentale.

Steakhouse mélange détails du quotidien et atmosphère surnaturelle, tout en parvenant à dire des choses très tangible sur la psyché de sa protagoniste. Comment avez vous trouvé votre équilibre idéal entre tout cela ?

Nous avons passé beaucoup de temps à travailler sur l’animatique parce que nous sentions que le rythme était crucial pour comprendre l’état psychologique du personnage principal. Ma principale crainte était justement que l’on ne comprenne pas les motivations de la protagoniste, donc je suis soulagée si vous me dites que le message est passé.

Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

J’admire des auteurs qui demeurent fidèles au cinéma indépendant : Michaela Pavlátová, Signe Baumane, Marta Pajek, Joanna Queen, Igor Kovalyov, Boris Labbé … et bien d’autres encore.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?

Après un an et demi passé loin des salles de cinéma, je citerais un film datant de légèrement avant. A mon sens, Tomek Popakul est parvenu à créer une expérience cinématique particulièrement stimulante dans son film Acid Rain. Quant à de nouveaux talents, je dois dire être impressionnée par la nouvelle vague de réalisatrices hongroises, telles Luca Toth, Reka Bucs ou encore Flora Anna Buda.

Entretien réalisé par Gregory Coutaut le 8 août 2021. Un grand merci à Thessa Mooij.

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