Entretien avec Pascal Plante

Avec Les Faux tatouages, le jeune réalisateur canadien Pascal Plante détourne les attentes de la romance ado en racontant l’amourette de deux bébés rockers. Le film est sélectionné à la Berlinale. Nous avons rencontré le cinéaste qui nous en dit un peu plus sur ce long métrage réussi et attachant…

 

Comment est né votre film Les Faux tatouages ?

En tant qu’avide cinéphile, mon inspiration provient souvent des carences perçues dans les films que je visionne. Dans ce cas-ci, l’idée était de faire un film romantique dans lequel l’amour n’est pas idéalisé, mais bien un film dans lequel le spectateur peut se projeter et s’identifier; un film au diapason des amours contemporaines chez les jeunes adultes. Et puis, étant moi-même mélomane, fan de musique punk rock, il y avait la volonté de faire un film punk; un film dans lequel la musique prend beaucoup de place. Il s’agit d’une ode nostalgique à l’adolescent de la fin des années 90/début 2000, en quelque sorte.

Une fois le scénario écrit, Les Faux tatouages s’est mis en branle assez rapidement, puisque Telefilm Canada a embarqué, et le Conseil des Arts et des lettres du Québec (CALQ) aussi. Puisqu’il s’agit d’un film d’été, nous avons enclenché la préproduction entre mai et août, et nous avons tourné en septembre 2016. Un an plus tard, septembre 2017, le film avait sa première mondiale au Vancouver International Film Festival. S’en est suivi le Festival du nouveau cinéma à Montréal, où le film a reçu le Grand Prix Focus Québec/Canada, puis à l’international à Slamdance aux États-Unis (Mention du jury), et nous nous rendons à Berlin la semaine prochaine pour le présenter en première européenne.

L’une des clefs du film est sa distribution, comment avez-vous choisi vos acteurs ?

Initialement, j’étais ouvert à tout. Au sens où je ne courais pas du tout les vedettes pour incarner les personnages. La chance a voulu qu’au terme d’un processus d’audition minutieux, nous nous sommes arrêtés sur deux jeunes comédiens montants. Nous avons d’abord choisi Anthony Therrien pour incarner Théo, et avons ensuite rappelé nos six candidates favorites pour les voir jouer avec Anthony et pouvoir tâter l’alchimie. Rose-Marie s’est imposée à ce stade-ci: l’électricité entre les deux passait merveilleusement bien. Puis, dans les rôles secondaires marquants, nous avons eu un franc coup de cœur pour la Youtubeuse Lysandre Nadeau pour interpréter la sœur de Théo. Elle était d’un naturel désarmant, et sa personnalité électrique insufflait beaucoup de vie à ce personnage.

Le ton de votre film est vivant et spontané. Est-il très écrit ou avez-vous laissé de la place à l’improvisation ?

En tout temps, je permettais aux acteurs de s’approprier le dialogue, mais au final nous avons suivi le scénario d’assez près. Ceci dit, puisque j’avais de très bons comédiens, si une ligne sonnait faux, c’était de la faute de la ligne, et non de la faute du comédien. Nous étions donc constamment à l’écoute de l’authenticité recherchée, et dès que nous sentions des accrocs lors des répétitions, nous réécrivions ce segment pour que les mots coulent de source. Par contre, les moments avec la jeune Léona Rousseau (qui a 6 ans) étaient davantage ponctués d’improvisation. Pour travailler avec des enfants, je trouve qu’il s’agit de la meilleure façon de laisser éclore leur naturel.

Les Faux tatouages détourne les attentes de la romance ado traditionnelle. Aviez-vous des modèles en la matière, ou au contraire des modèles que vous souhaitiez éviter ?

Les modèles à éviter sont nombreux, mais certains films romantiques subvertissent les codes, et c’est vers eux que je me suis tourné. La trilogie Before Sunrise/Sunset/Midnight de Richard Linklater est une influence majeure, mais, plus récemment, des films comme Like Crazy de Drake Doremus ou The Spectacular Now de James Ponsoldt, probablement.

Avez-vous de nouveaux projets ?

Je suis un écriture d’un prochain long métrage de fiction intitulé Nadia, Butterfly, traitant des dessous des Jeux Olympiques à travers le regard d’une nageuse de papillon à l’aube de sa retraite sportive.

Entretien réalisé le 10 février 2018. Un grand merci à Katerine Lefrançois.

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