Entretien avec Natalia Meta

El Profugo était l’une des surprises dans la compétition de la dernière Berlinale. L’héroïne de ce thriller psychologique est hantée par des cauchemars et se demande si ces derniers veulent prendre possession d’elle. Le résultat est ludique et d’une séduisante ambigüité. El Profugo fait sa première française cette semaine au Festival de La Roche-sur-Yon. Sa réalisatrice, l’Argentine Natalia Meta, est notre invitée.


Quel a été le point de départ de El Profugo ?

Le point de départ du film a été la lecture de The Lesser Evil, un roman fantastique écrit par l’auteur argentin C.E. Feeling. Et l’autre point de départ, ça a été de penser à l’étrange, au mystère comme un langage formel.

Seriez-vous d’accord si je vous disais que El Prófugo est un film sur le gaslighting ?

Je suis d’accord, mais dans le sens où c’est la certitude qui est insensée et nuisible. Ce que je recherchais, c’était de mettre en scène un désordre des sens, mais qui soit aussi raisonné. J’ai essayé de nourrir le mystère plutôt que d’aller vers quelque chose de plus significatif. Et d’éviter ce qu’on attend, quitte parfois à décevoir ces attentes.

La forme dans El Prófugo, de la photographie aux décors, semble traduire l’état mental de l’héroïne. Comment avez-vous travaillé sur cet élément en particulier ?

Il était très important de ne pas être immédiatement en empathie avec elle. Nous avons essayé de transmettre la dimension onirique de son monde, d’éviter autant que possible les réactions habituelles face à la peur et à l’incertitude. Nous avons essayé de ne jamais donner l’impression de la comprendre pleinement, elle et le monde dans lequel elle vit. Sa solitude est renforcée par cette compagnie qu’elle a en elle.

Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

J’adore toutes sortes de films. Je vais nommer juste un réalisateur qui m’inspire, et qui par son travail exprime également un amour universel du cinéma tout en rejetant toute forme d’élitisme en termes de création artistique : Leonardo Favio.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

Je dirais avec Toni Erdmann de Maren Ade.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 27 avril 2020. Un grand merci à Brenda Erdei. Crédit portrait : Jens Koch.

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