Entretien avec Lily Shaul

Après Travis Wood, Miu Nakata et Bridget Moloney, nous poursuivons notre focus spécial consacré aux meilleurs courts métrages de la sélection du Festival SXSW. The Slug Finger est un adorable film réalisé par la Britannique Lily Shaul. Son héroïne est une jeune femme dont le doigt se transforme… en limace. Vous pouvez découvrir ce film charmant, coloré et surréaliste sur la page du festival. Lily Shaul est notre invitée de ce Lundi Découverte.


Quel a été le point de départ de The Slug Finger ?

Je n’ai jamais particulièrement aimé les limaces, elles m’ont toujours semblé un peu répugnantes mais j’ai pensé à elles en cherchant des idées pour mon film. Je trouve ça assez drôle qu’elles soient universellement détestées alors qu’elles sont finalement assez faciles à éviter puisqu’elles ne se manifestent vraiment que quand il pleut. Alors j’ai commencé à me demander ce qui se passerait si on ne pouvait pas les éviter, si elles étaient comme des animaux de compagnie ou même une partie de votre propre corps ! Ça semble être une idée horrible mais je n’ai pas arrêté d’y penser ainsi qu’à toutes les drôles de situations découlant du fait d’avoir une limace à la place d’un doigt. Et j’ai décidé de m’en servir comme sujet de mon film d’animation.

Comment avez-vous choisi ce style d’animation pour raconter cette histoire ?

A l’origine j’avais envisagé d’utiliser de l’animation en stop-motion pour faire mon film. J’imaginais que ça serait super fun de créer et d’animer une petite marionnette de limace, mais après quelques tests préparatoires, j’ai réalisé que l’animation dessinée à la main me donnait beaucoup plus de liberté. J’ai donc fait ce choix. J’ai toujours adoré ce type d’animation même si elle nécessite beaucoup de temps. Il y a vraiment un truc dans l’utilisation d’un crayon et d’un papier sur lequel composer chaque plan, et qui donne vie à ce qu’on dessine.

Dans The Slug Finger, le portrait intime est traité de manière surréaliste. Dans quelle mesure diriez-vous que le mystère est un bon outil pour raconter cette histoire et pour raconter votre personnage ?

Le mystère est définitivement un élément que j’avais beaucoup en tête en faisant mon film. Je pense, en tant que spectatrice, qu’il est tellement plus satisfaisant de regarder quelque chose sans avoir une idée nette de ce dont il est question, et d’essayer de relier les points entre eux. Le mystère permet la surprise, qu’il s’agisse de créer un choc ou un rire ou de la tristesse, et c’est tout ce qui importe dans la narration et la création de personnages.

Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

J’admire énormément Věra Chytilová, plus particulièrement son film Les Petites marguerites. J’adore la façon dont elle combine différents effets et différentes techniques, entrecoupant les séquences en prises de vue réelle avec des moments d’animation. C’est un film qui visuellement est tellement beau, mais qui en même temps est drôle et surréaliste. J’admire aussi beaucoup Hayao Miyazaki et ses films du studio Ghibli. L’animation est tellement magnifique et les histoires merveilleuses, ça m’inspire beaucoup de voir quel soin et quelle attention aux détails sont mis dans chaque film.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

J’adore faire des découvertes, et à chaque fois que j’entame un nouveau projets, je cherche des références nouvelles pour m’inspirer. Ça m’intéresse toujours de trouver un type d’animation ou un film qui utilise une technique avec laquelle je ne suis pas familière. J’adore essayer de la comprendre, de voir comment ça fonctionne. Il y a tellement de gens avec un talent unique, et c’est très excitant de découvrir leurs œuvres.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 11 juin 2020.

Le site officiel de Lily Shaul

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