TIFF 2020 | Critique : Valley of Souls

Après une longue nuit de pêche, José retourne dans sa maison au fond de la jungle pour découvrir que les forces paramilitaires ont enlevé ses deux fils. Il commence un voyage solitaire en remontant la rivière pour tenter de les retrouver…

Valley of Souls
Colombie, 2019
De Nicolás Rincón Gille

Durée : 2h12

Sortie : –

Note :

FLEUVE NOIR

On a pu découvrir le Colombien Nicolás Rincón Gille il y a quelques années avec son documentaire L’Étreinte du fleuve, Montgolfière d’or au Festival des 3 Continents. Les premières images de Valley of Souls sont aussi des images d’eau, une eau semble t-il paisible et animée par quelques clapotis tandis que José, le héros du film, pêche. Nicolás Rincón Gille, dans sa première fiction, va faire le récit picaresque de cet homme à la recherche de ses fils enlevés par les paramilitaires, et de son impossible deuil.

Que doit-il fuir ? On n’identifie pas immédiatement la menace dans Valley of Souls ; celle-ci est absurde, frappe par surprise et sans raison – c’est presque comme si les fils avaient été victimes d’une disparition surnaturelle. Pourtant, malgré la suggestion mystique que fait naitre le titre du film (le titre original, Tantas almas, est un peu moins romantique, un peu plus direct), Valley of Souls n’explore pas tant que ça la piste onirique. Cette dérive sur le Styx est très réaliste dans son austérité, dans son entêtante monotonie. Le surréel n’est pas une porte de sortie pour le protagoniste : c’est justement la tragique confrontation au réel qui fait le sujet de Valley of Souls.

Le film nous a semblé manquer un peu de relief sur la longueur (2h12) et paraît parfois jouer continuellement la même note. Certaines ruptures néanmoins sont appréciables et font dévier le long métrage, à l’image de cet épisode parmi des brutes fans de cyclisme dépeintes comme des gamins armés dégénérés, antihéros d’une comédie grotesque. L’atmosphère de Valley of Souls reste néanmoins assez puissante, son récit d’une honnêteté poignante et son décor peint avec majesté.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article