A voir en ligne | Critique : Tower. A Bright Day

Mula vit avec sa famille à la campagne. Sa soeur leur rend visite après être partie sans laisser de traces, 6 ans auparavant. Mula croit que Kaja est venue pour emmener sa fille. Sa présence déclenche des changements chez les gens et des événements métaphysiques se produisent.

Tower. A Bright Day
Pologne, 2017
De Jagoda Szelc

Durée : 1h46

Sortie : disponible sur Shadowz

Note : 

LA TOUR INFERNALE

Dès les premières secondes, il plane une ombre inquiétante sur Tower. A Bright Day de la jeune Polonaise Jagoda Szelc (lire notre entretien). Une vibration entêtante, des plans en plongée à la Shining… puis l’on suit une fillette dans les bois, comme si l’on était invité dans un conte de fées. Le début du film, avec cette histoire de retrouvailles familiales, ses secrets étranges, sa caméra à l’épaule, ses coupes abruptes dans l’action, a un côté post-dogme. La menace horrifique entame une partie de tennis avec le malaise drolatique. Szelc ne saurait pas sur quel pied danser ? Au contraire. Tout simplement, le film est ceci et cela en même temps. Et il est régi par l’attente face au vide (ou au précipice) comme par l’inattendu.

Mais qu’est-ce que la tante mystère peut bien cacher ? Que craint donc sa sœur, à l’approche du baptême de sa fille ? Mamie sortira t-elle de sa léthargie ? Les questions s’accumulent tandis que l’atmosphère est de plus en plus délétère. Avec une grande habileté d’écriture, Szelc varie les registres et stimule la participation du spectateur. Est-ce la tante l’intruse, ou est-ce sa sœur qui fait preuve d’un zèle écrasant ? Le film, à première vue, est un portrait de famille et de ses relations toxiques. C’est ce qu’il parvient à être, avec réussite, mais son ambition se révèle peu à peu beaucoup plus grande. L’annonce ironique placée en début de film (« Based on future events« ) a quelque chose de culotté – mais c’est aussi un indice : le film voit au-delà.

Les bourdonnements des insectes sont un peu trop forts. Les murs, lors d’une scène, se mettent à parler. « Quand le vent souffle, les fantômes sortent » dit-on. La lumière rosée des fins de journées est belle, mais elle pourrait bien rougeoyer jusqu’aux flammes. Petit à petit, la catastrophe familiale redoutée se transforme en un danger à plus grande échelle. Nous n’en dévoilerons pas trop, mais Tower. A Bright Day a de la ressource et ses vingt dernières minutes sont prodigieuses. Elles s’ouvrent vers un tout autre film qui était pourtant là depuis le début.

« Ce cadeau va changer ton monde » prévient la tante offrant un kaléidoscope en forme de joyau à la jeune héroïne. Elle regarde au travers comme nous regardons le film. On y voit tout autre chose. Et on se pince pour croire que ce long métrage subjuguant est le premier de sa très prometteuse réalisatrice.


>> Tower. A Bright Day est disponible en exclusivité sur Shadowz

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par Nicolas Bardot

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