Gérardmer 2019 | Critique : The Witch: Part 1. The Subversion

Dix ans auparavant, la jeune Ja-yoon s’est échappée d’un complexe gouvernemental à la suite d’un incident qu’elle a provoqué sans le vouloir et qui lui a fait perdre la mémoire. Elle a trouvé refuge auprès d’un couple âgé qui la considère comme leur propre fille. Devenue une brillante lycéenne, elle décide de passer un concours de chant retransmis à la télévision nationale. Elle est ainsi repérée par des personnes à l’allure étrange qui la recherchent depuis sa disparition. En un instant, la vie apparemment ordinaire de Ja-yoon devient beaucoup moins paisible…

The Witch: Part 1. The Subversion
Corée du sud, 2018
De Park Hoon-Jung

Durée : 2h06

Sortie : –

Note : 

SHOWTIME, SYNERGY !

Si ses films en tant que réalisateur (comme le polar New World ou l’aventure The Tiger) sont restés inédits dans les salles françaises, Park Hoon-Jung est désormais un nom qui compte dans le cinéma mainstream coréen. Chez nous, on le connaît essentiellement comme scénariste du brutal et jubilatoire J’ai rencontré le diable, primé à Gérardmer il y a quelques années. Il n’est plus question de diable ici mais de sorcière dans ce nouveau long métrage, The Witch : part.1 The Subversion, qui fut l’un des gros succès de l’année passée au box-office coréen.

On n’identifie pourtant pas immédiatement de sorcière dans ce film qui s’ouvre dans les couloirs secrets et maculés de sang d’une mystérieuse organisation. Thriller horrifique, chronique réaliste, SF et même comédie, on reconnaît bien l’art coréen dans la rupture de ton et le changement de genres. C’est une souplesse qui permet aux films de respirer et qui rend le spectacle si attrayant.

Comme d’habitude, on note la haute estime que le cinéma coréen a de son public : quelle industrie au monde apporte autant de soin à ses productions les plus mainstream ? Le moindre papier peint semble choisi avec goût et attention. Et lors d’un plan superbe sur l’héroïne, tandis que dans son dos une gerbe de sang souille le mur, on se dit que le choix de ce papier peint, par pur amour du beau, valait bien le coup.

Si l’on reconnaît le scénariste de J’ai rencontré le diable, c’est par sa spectaculaire générosité. Il y a probablement un peu trop de tout – trop d’explications, trop de fins – mais il y a également quelque chose de jouissif dans cette absence de retenue. « La tête, il faut viser la tête ! » hurle un personnage dans le film – de la même manière, Park ne semble jamais vouloir s’arrêter à mi-chemin. Qu’il s’agisse de son héroïne over-the-top (incarnée par la révélation Kim Da-Mi), de son utilisation grandiloquente ou clownesque des seconds rôles (géniales Min-soo Jo, l’actrice de Pieta, et la jeune Go Min-Si), de sa conception et sa chorégraphie des scènes d’action (avec une impressionnante vivacité et fluidité du montage), du sens élégant du détail (lorsque l’on remet ses cheveux en place avant de massacrer un ennemi). Il y aurait à redire sur les imperfections narratives du film mais quand le spectacle donne autant de fun, il faut aussi savoir l’apprécier.

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par Nicolas Bardot

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