Festival de Gérardmer | Critique : The Stylist

Tout le monde rêve de devenir quelqu’un d’autre… mais pour Claire ce rêve devient une obsession, puis un véritable cauchemar. Son travail de coiffeuse lui permet de s’évader en écoutant les histoires de ses clientes jusqu’au moment où elle décide d’arrêter la discussion… et d’en finir pour de bon avec elles. La vie solitaire de Claire, avec sa routine bien ordonnée et ses secrets inavouables, est chamboulée le jour où une de ses fidèles clientes lui demande de la coiffer pour son mariage…

The Stylist
États-Unis, 2020
De Jill Gevargizian

Durée : 1h45

Sortie : 01/12/2021 (en dvd et vod)

Note :

CHEVEUX FANTASTIQUES

Claire affronte dès la première scène de The Stylist ce qui peut constituer un véritable cauchemar quotidien : devoir faire du small talk avec une cliente. Ça n’est pas une piste que l’Américaine Jill Gevargizian (lire notre entretien) va creuser dans son premier long métrage, mais la réalisatrice invite dans le genre horrifique un métier assez inexploré : la coiffeuse. On peut paisiblement faire du small talk avec Claire car elle reste une inoffensive inconnue à qui se confier. Mais qu’est-ce que cette inconnue, ciseaux à la main, peut-elle bien cacher ?

Les scènes de coupe sont filmées comme un soin magique, les images se superposent en fondus enchainés et la coiffeuse du salon d’en bas devient une sorte de magicienne – ou de sorcière. Les couleurs de The Stylist sont souvent vives et léchées, et la lumière stylisée, très soignée, nous éloigne peu à peu du réel tout en rehaussant son expressivité. Il n’y a pourtant pas d’élément fantastique à proprement parler dans The Stylist, mais la vibration surréelle du film vient de son approche psychologique – ici, l’immersion dans l’esprit d’une psychopathe. A cet égard, Gevargizian cite l’influence de longs métrages tels que Trois femmes de Robert Altman, May de Lucky McKee ou The Neon Demon de Nicolas Winding Refn, des films d’aliénation/possession et de basculement psychologiques à la texture onirique.

Jill Gevargizian adapte ici son propre court métrage et parvient, sans être révolutionnaire, à éviter les écueils du court rallongé. La dimension queer, absente du court, enrichit le récit d’une tension mélodramatique. The Stylist est un slowburner dont la progression régulière et minutieuse est assez efficace. Aidé par la beauté étrange de Najarra Townsend (qu’on a pu voir dans Moi, toi et tous les autres de Miranda July ou dans Contracted de Eric England), le film est couronné par un finale grand guignol, généreux et au mauvais esprit réjouissant. Avec cette coupe-là, vous en aurez pour votre argent.

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par Nicolas Bardot

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