La Roche-sur-Yon | Critique : The Party

Janet vient d’être nommée ministre au sein du Cabinet fantôme – la plus grande réussite de sa carrière politique. Elle et son mari Bill projettent de célébrer cela avec quelques amis proches. Les invités arrivent à leur domicile à Londres, mais la fête prend un tournant inattendu…

The Party
Royaume-Uni, 2017
De Sally Potter

Durée : 1h11

Sortie : 13/09/2017

Note :

PARTIE DE CAMPAGNE

Dixième long métrage de la Britannique Sally Potter, The Party est un retour en forme pour la réalisatrice de l’extraordinaire Orlando. Touche-à-tout, Potter signe une réjouissante miniature (71 minutes qui filent à toute allure) avec ce huis-clos filmé en noir et blanc. Janet (Kristin Scott Thomas) vient d’obtenir un poste important au gouvernement et c’est pour elle une consécration qu’elle fête avec ses amis. Vous connaissez déjà la suite : rien ne se passera comme prévu.

S’il fallait rapprocher The Party d’un genre, ce ne serait certainement pas la comédie british typique au cœur gros comme ça et dont la formule est codée comme du No. Le ton de The Party est plus surprenant et emprunte davantage à la scène : unité de lieu (à laquelle s’ajoute ici une unité de temps), mise en valeur du verbe et des comédiens – et surtout : tout le monde ici semble avoir conscience d’être sur scène. Les personnages sont des archétypes assumés comme autant de masques théâtraux, et l’on varie les registres comme on change de 33 tours : le drame, la farce, le vaudeville. Le noir et blanc, que la cinéaste dit avoir privilégié précisément pour ses couleurs émotionnelles, est aussi une façon de mettre le réel à distance.

Le réel est pourtant bien là, en creux. The Party, écrit avant et tourné en plein Brexit, n’est donc pas un commentaire d’actualité. Mais ces trahisons, ces alliances, ces idéaux, ce cynisme, tout cela autour d’une figure politique, constituent une métaphore assez nette du pouvoir et de ses tourments. « Democracy is finished! », lance t-on avec moquerie. The Party est également un jeu d’esprit dans lequel une bonne partie du cast excelle. En tête : Kristin Scott Thomas, impeccable et d’une tension propice à la comédie, et Patricia Clarkson, voleuse de scène comme à sa plus belle époque en enchaînant punchline sur punchline – tout le monde a envie de la voir comme ça. Ce spectacle est vif, malin et tout à fait recommandable.

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par Nicolas Bardot

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