Critique : Temporada

Pour prendre un nouveau poste d’employée au service municipal de la propreté, Juliana quitte les quartiers du centre-ville d’Itaúna pour la métropole de Contagem au Brésil. Tandis qu’elle attend que son mari la rejoigne, elle s’adapte à sa nouvelle vie, fait des connaissances, s’ouvre à de nouveaux horizons et essaie de surmonter son passé.

Temporada
Brésil, 2018
De André Novais Oliveira

Durée : 1h53

Sortie : 20/11/2019

Note :

LA BELLE SAISON

Temporada est le premier long métrage de fiction du Brésilien André Novais Oliveira (lire notre entretien), après le documentaire Ela Volta na Quinta qu’il a réalisé en 2015. Le réalisateur s’ajoute à la liste désormais assez fournie de jeunes talents prometteurs qui font du cinéma brésilien l’un des plus intéressants du moment. Temporada raconte ce qui pourrait être le prototype du drame social de festival, avec son héroïne modeste et abîmée qui va devoir survivre en acceptant un métier peu séduisant. Mais par sa finesse et sa personnalité, André Novais Oliveira parvient à faire de Temporada autre chose qu’un film de plus.

Vous allez lutter contre les scorpions, les serpents et la dengue : la tache confiée à Juliana semble terrible, comme une cruelle punition supplémentaire dans sa vie déjà morose. On lui promet tous les dangers, mais pourtant tout le récit est basé sur le non-événementiel. Juliana découvre le taudis dans lequel elle va vivre, mais le film est gorgé de couleurs, rempli de soleil.

Ce n’est pas une façon de romantiser son malheur et de surjouer la carte du bon cœur des braves gens et du lait de la tendresse humaine. C’est juste une manière de regarder la vie et de l’affronter dans ce qui n’est pas qu’un monochrome de pathos gris. Voilà toute la subtilité de Temporada qui peut raconter une histoire infiniment triste (comme la confession que l’héroïne fait en cours de film) tout en étant inscrit dans une vie qui continue d’avancer.

Le film décrit une violence sociale, là où l’on contemple la ville qui a poussé et les gens qui y ont été parqués. Et le réalisateur réussit à faire vivre le quotidien d’un quartier sans jamais passer par le pittoresque. Il y a une douceur bienveillante dans le regard qui trouve l’équilibre subtil pour dire les choses sans les ripoliner, mais sans le sensationnalisme du poverty porn non plus. A l’image de cette fin superbe qui, sans jamais être mielleuse, ressemble à un câlin.

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par Nicolas Bardot

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