Critique : Sous l’aile des anges

Ce film nous raconte la jeunesse de l’un des plus grands hommes de l’Amérique, Abraham Lincoln. Elle se déroule sur près de trois années, dans une partie reculée de l’Indiana, et raconte les épreuves qui l’ont formé, la tragédie qui l’a marqué à jamais et les deux femmes qui l’ont guidé vers l’immortalité.

Sous l’aile des anges
États-Unis, 2014
De A.J. Edwards

Durée : 1h34

Sortie : 13/04/2022

Note :

LES MOISSONS DU NOUVEAU MONDE

Une voix-off lyrique, un montage impressionniste, une nature presque mystique, des motifs de mythologie américaine, des personnages exaltés qui tourbillonnent dans la forêt et ont parfois même les paumes tournées vers le ciel … Sous l’aile des anges est-il le nouveau film de Terrence Malick ? Il s’agit en fait du premier long métrage de A.J. Edwards, monteur pour Malick (qui produit ce ce film). C’est la limite évidente de Sous l’aile… : voici l’œuvre d’un petit maître qui reste dans l’ombre du maître.

On avait rencontré il y a quelques années un cas un peu similaire avec 2h37, premier film de l’Australien Murali K. Thalluri qui était un décalque à la fois fascinant et maladroit du Elephant de Gus Van Sant. Depuis, on n’a plus aucune nouvelle du jeune copycat d’Océanie. L’avantage qu’Edwards a sur Thalluri est que si sa grammaire cinématographique lorgne ouvertement sur Malick, c’est pour raconter une autre histoire. Qui partage certes une sensibilité commune avec celle du réalisateur du Nouveau monde – mais une autre histoire quand même.

Cette histoire, c’est celle des jeunes années d’Abraham Lincoln, élevé dans les bois et dans le dénuement. Le traitement sensoriel est à l’opposé, et ce n’est rien de le dire, du Lincoln tourné à la même époque par Spielberg où la vision du personnage était à tous points de vue plus raide, plus proche du livre d’Histoire. Pas de majuscule dans le film d’ A.J. Edwards même si son film raconte en creux les fondations d’une grande destinée et d’une nation. Sous l’aile des anges, avec ses noirs et blancs profonds, est d’une très grande beauté. Mais, si les détracteurs de Malick se sont multipliés sur ses derniers longs métrages, le vétéran a un avantage (naturel) sur le benjamin. La narration impressionniste de Malick émeut parce qu’elle a du relief, qu’on assiste ici ou là à de grands crescendos comme dans un grand huit émotionnel et hypersensible.

Cette maîtrise de la narration par le montage, Edwards ne la possédait alors pas encore, et malgré la splendeur visuelle, malgré la poésie qui s’en dégage, s’installe une certaine monotonie à cause d’un rythme « à plat ». Sous l’aile des anges reste néanmoins une belle promesse, qu’il a confirmée depuis avec son film suivant, Friday’s Child.

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par Nicolas Bardot

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