A voir en ligne | Critique : Something Must Break

Stockholm, entre zones industrielles et terrains vagues, Sebastian, un garçon à la beauté troublante et androgyne, se met en danger en ayant des aventures sexuelles avec des inconnus. Alors que tout est à deux doigts de déraper, le téméraire Andreas apparaît et le sauve in extremis. Entre ces deux fortes personnalités, c’est le coup de foudre. Mais cette relation intense et soudaine va être des plus électriques…

Something Must Break
Suède, 2014
De Ester Martin Bergsmark

Durée : 1h21

Sortie : 10/12/2014 (disponible en vod)

Note :

ÉTREINTES BRISÉES

« Je suis d’ailleurs » : c’est une réplique qu’on entend très tôt dans Something Must Break, premier long métrage de fiction d’Ester Martin Bergsmark qui a été sacré au Festival de Rotterdam. « Je suis d’ailleurs », c’est Sebastian qui le dit, garçon androgyne qui s’habille en fille et devient Ellie. Quelque chose doit être cassé promet le titre du film : en Sebastian ? En Ellie ? Avec son amoureux ? Ou simplement une bouteille de bière sur le crâne d’un inconnu pour faire passer la colère ? La romance proposée par Ester Martin Bergsmark ne ressemble en effet à rien de connu. Est-ce un compliment que l’on peut faire à beaucoup de films ? Something Must Break est unique, et si les codes du récit d’apprentissage queer y ont l’air familiers, tout ici est atypique et traduit une approche et une personnalité rares.

La sensibilité de Bergsmark ainsi que la complexité de son personnage ne rendent pas seulement Something Must Break extrêmement juste, ils le rendent surtout bouleversant et déroutant. Lorsqu’est filmée une scène de paradis retrouvé, Bergsmark la situe près… d’une bouche d’égout. Et pourtant peu importe: la séquence et ce qui s’y passe sont magnifiques. D’une extrême délicatesse, les scènes de sexe ne ressemblent en rien à ce qu’on aurait pu voir dans d’autres films. Dans ces séquences d’intimité entre Sebastian et Andreas, qui affirme ne pas être gay, les rôles semblent ambivalents et le film met finement en scène cette fluidité. Est-il pertinent de parler de rôles ou de règles ? Sebastian-Ellie établit et obéit à ses propres règles, sa trajectoire est passionnante. Contrairement à la jolie rose que l’on admire lors du générique de début, il ne s’épanouit jamais comme on l’attend. Sa force et sa fragilité, son caractère tranché et nuancé en font le personnage de cinéma le plus beau depuis des lustres.


>>> Something Must Break est visible en vod sur la plateforme d’Outplay

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par Nicolas Bardot

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