A voir en ligne | Critique : Seoul Station

A la Gare de Séoul, après le coucher du soleil, un vieux sans abri se meurt… et se met bientôt à dévorer un autre homme. Les rues autour de la gare se remplissent alors de zombies qui déferlent sur la ville…

Seoul Station
Corée du Sud, 2016
De Yeon Sang-Ho

Durée : 1h32

Sortie : –

Note :

L’ENFER DES ZOMBIES

La Coréen Yeon Sang-Ho s’est fait repérer en festivals grâce à trois excellents films d’animation : The King of Pigs, The Fake et Seoul Station. Particulièrement sombres et durs, ces derniers ne laissaient pas présager que son auteur trouverait en 2016 un réel succès dans les salles françaises avec son tout premier film en prises de vue réelles, le ludique et musclé Dernier train pour Busan. Seoul Station a été réalisé juste avant Dernier train pour Busan, avec lequel il forme d’ailleurs un diptyque. Le scénario raconte ici le tout début de l’épidémie de zombies qui prend dans Dernier train des proportions épiques. Chronologiquement, Seoul Station se déroule donc en premier, mais les deux films peuvent être vus dans le désordre sans problème.

Ceux qui ont découvert Yeon Sang-Ho avec son train-fantôme risquent d’être surpris par la noirceur ici à l’œuvre. Les protagonistes de ce récit-catastrophe sont une poignée de marginaux et de laissés-pour-compte, un ado n’hésite pas à obliger sa fiancée à se prostituer auprès de sdf, et les touches d’humour très grinçant ne viennent pas atténuer la cruauté de certaines mises à mort. Les personnages des précédents films du réalisateur étaient déjà des monstres en devenir : manipulateurs, harceleurs, prêts à se métamorphoser (littéralement) en porc à chaque instant. L’animation parfois rudimentaire, et volontairement grotesque, de Yeon Sang-Ho permettait non seulement toutes les transformations mais mettait surtout en avant l’inhumanité de ses anti-héros. Le trait est ici plus assuré, presque plus normal (dommage) mais l’horreur est abordée plus concrètement. Grâce aux réactions dramatiques et parfois complètement outrées des personnages, grâce à une violence parfois bien tendue, Seoul Station conserve ce coté over-the-top, qui fait fi du réalisme au profit d’une efficacité coup de poing.

Le cahiers des charges du film de zombie est souvent un peu restreint. Le scénario de Seoul Station reste dans les lignes classiques. Mais, sans trop en dévoiler, le dénouement se déroule dans un lieu pas anodin, un choix malin et particulièrement évocateur qui ferait presque basculer le film vers un autre type de fantastique. Un lieu qui offre un saisissant hommage à Zombie de Romero, qui est décidément une référence politique inépuisable remontant régulièrement à la surface année après année.


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par Gregory Coutaut

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