Critique : Sème le vent

Étudiante en agronomie, Nico revient chez ses parents dont l’exploitation agricole est en crise. Elle pense pouvoir sauver les oliviers centenaires qui ont mystérieusement cessé de donner des fruits, mais pour cela elle doit se rebeller face au dogmatisme paternaliste de sa famille et sa région.

Sème le vent
Italie, 2020
De Danilo Caputo

Durée : 1h31

Sortie : 28/07/2021

Note :

VENT MAUVAIS

Faire du cinéma avec des images : ce devrait être le strict minimum, mais ce n’est pas toujours ce que l’on peut voir à longueur de films en festivals. Sème le vent de l’Italien Danilo Caputo, passé en début d’année à la Berlinale, est plutôt généreux de ce point de vue. Son récit d’émancipation houleux et sa chronique paysanne mettent de côté le didactisme pour se demander comment incarner visuellement ce dont on parle – y compris quand il s’agit d’un indicible mystère.

Car dès ses plans d’oliviers filmés la nuit, Sème le vent est nimbé de mystère. Caputo lui donne de l’épaisseur et des nuances. Le mystère dans ce long métrage est proche du sacré, on sent ici qu’il y a un secret à respecter. Un oiseau pourrait être la réincarnation d’une aïeule, les écorces d’arbres parlent, la pierre dégage quelque chose de sensuel, les sous-sols sont autant des lieux physiques que mentaux.

Caputo aime le mystère, il aime aussi surprendre. Il dépeint une héroïne paradoxale, qui est aussi proche de la terre et de ses traditions qu’elle est éloignée des traditions des hommes – a fortiori les plus paternalistes. La jeune Yle Vianello, dont le premier et jusqu’ici seul rôle au cinéma remonte à Corpo celeste de Alice Rohrwacher il y a presque 10 ans, est castée de manière intéressante – sa dégaine sage et effacée ne correspond pas tant aux jeunes filles qu’on peut voir se disputer avec leurs pères dans d’autres films. Elle semble venir un peu d’ailleurs, comme cet étrange long métrage.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article