Critique : River’s Edge

Haruna, étudiante, vit chez sa mère. Ichiro, camarade classe de Haruna, est homosexuel. Haruna soutient Ichiro, qui est harcelé à l’école. Ils deviennent de plus en plus proches et un jour, Ichiro confie à Haruna un secret: il a retrouvé un corps près de la rivière…

River’s Edge
Japon, 2017
De Isao Yukisada

Durée : 1h58

Sortie : –

Note : 

LA RIVIÈRE SANS RETOUR

On connaît très mal Isao Yukisada en France, c’est pourtant un cinéaste qui tourne depuis 20 ans au Japon et a signé une vingtaine de longs métrages. River’s Edge, présenté en ouverture de la section Panorama, est une adaptation du manga de la Japonaise Kyōko Okazaki sur les déboires d’une jeunesse défaite de tout vernis kawai. L’histoire se déroule dans une ville irriguée par une rivière crasseuse qui semble tout contaminer, et le film est porté par une étrange tension menaçante.

River’s Edge s’ouvre par de déroutants fragments disparates. Le puzzle s’assemble peu à peu, mais le film garde cette volonté de mélanger les registres, quitte à les agrafer ensemble. C’est une audace, c’est aussi un risque. Il faut parfois quelques sauts de foi pour avaler la grossièreté de la direction d’acteurs ou de certains raccords. Le film est certes très fidèle visuellement à la crudité du manga originel, mais il sombre parfois dans une complaisance en forme de cul-de-sac.

River’s Edge est rehaussé néanmoins par le savoir-faire formel de Yukisada. Mais au fil de cette histoire si sombre, auprès de cette jeunesse si malmenée, face à cette accumulation de violence, on pense au traitement qu’aurait pu apporter un autre réalisateur : Tetsuya Nakashima (Confessions, The World of Kanako), dont l’outrance stylistique aurait peut-être mieux coller à un tel récit.

par Nicolas Bardot

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