Festival de Séville | Critique : Queen of Hearts

Une femme met sa carrière et sa famille en jeu lorsqu’elle séduit son beau-fils adolescent et est contrainte de prendre une décision dont les conséquences peuvent être irréversibles…

Queen of Hearts
Danemark, 2019
De May el-Toukhy

Durée : 2h07

Sortie : –

Note :

CŒUR DE PIERRE

Queen of Hearts est le second long métrage de la réalisatrice danoise May el-Toukhy après sa comédie Long Story Short restée inédite en France. Mais ce nouveau film, primé lors de l’excellente compétition internationale du dernier Festival de Sundance et porté par un bon buzz depuis, devrait davantage faire connaître sa réalisatrice. Queen of Hearts débute, si l’on peut dire, comme votre drame scandinave standard. Cet usage de la caméra, une certaine froideur, et une famille qui semble cacher des secrets. Le film ira beaucoup plus loin qu’on ne l’imagine.

Pas tant dans sa forme, encore assez retenue ; davantage dans son écriture qui n’a pas peur de la noirceur et de l’ambigüité. Anne mène une vie de famille confortable, elle occupe un poste de pouvoir et attend de son mari qu’il la respecte davantage. Petit à petit, May el-Toukhy l’isole dans le cadre et décrit sa solitude. De non-dit en non-dit jusqu’au basculement, le film ne proposera pas « un magnifique portrait de femme digne », et c’est tant mieux.

Le titre, ambivalent, renvoie autant à une reine de cœur maman parfaite qui charme tout le monde qu’à une reine de cœur trancheuse de tête. D’abord un peu placide puis de plus en plus tordu, le film fait un portrait particulièrement acide de la structure familiale censée être un évident espace de confiance. La famille, dans Queen of Hearts (et probablement ailleurs que dans le long métrage), semble tout simplement contraire à l’épanouissement personnel. Il y a ici quelque chose qui se déglingue quand une histoire de prédation n’est « qu’une histoire de peau » et lorsque les dynamiques de pouvoir s’affolent au sein même de la famille. Toutes les actrices du monde se seraient battues pour obtenir celui, d’une grande complexité, tenu avec brio par la Danoise Trine Dyrholm, une fois de plus formidable.

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par Nicolas Bardot

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