Festival de Gérardmer | Critique : Possessor

Agent d’une organisation secrète, Tasya utilise des implants cérébraux révolutionnaires lui permettant de commettre des meurtres en habitant le corps d’autres personnes. Assaillie par d’étranges pulsions, elle est à son tour piégée dans l’esprit d’un homme bien plus dangereux qu’elle, qui pourrait bien l’anéantir.

Possessor
Canada, 2020
De Brandon Cronenberg

Durée : 1h41

Sortie : –

Note :

DÉPOSSÉDÉ

On peut admirer les réalisateurs dont le style est la substance mais, au-delà des coquetteries, cela nécessite un vrai regard de cinéaste. Si les couleurs et la lumière de Possessor sont soignées, le nouveau thriller de Brandon Cronenberg, 7 ans après Antiviral, nous semble cruellement manquer d’idées formelles et de point de vue. Placer Possessor dans la case de l’horreur organique est peut-être un réflexe paresseux qui se repose sur le cinéma de papa – le film reste trop lisse pour entrer dans la chair malgré ses efforts lourds, voyants et sonores.

C’est la violence dans Possessor qui, à nos yeux, pose problème. Celle de la séquence d’introduction qui se voudrait fulgurante mais qui ne produit rien. Celle surtout, extrêmement complaisante, où l’on triture dents ensanglantées, œil hors de l’orbite ou doigts coupés qui s’agitent, appuyée de telle façon que le spectacle est réduit à sa potacherie. Cela s’accorde assez peu avec un film par ailleurs sérieux comme un pape. Sous-exploitant le potentiel de ses très bonnes actrices (Andrea Riseborough et Jennifer Jason Leigh), Cronenberg s’intéresse davantage à un héros creux et joué avec la profondeur d’un mannequin. Pas désagréable à regarder (ou plutôt, trop facile à regarder), Possessor nous a paru désincarné, inconsistant et – c’est peut-être son péché capital – absolument pas perturbant.

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par Nicolas Bardot

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