Festival du Film Coréen | Critique : Old Love

Un soir d’hiver, à l’aéroport d’Incheon, deux anciens amants tombent l’un sur l’autre par hasard. Il vient de mettre sa fille étudiante dans un avion pour l’Australie. Elle arrive tout juste de l’étranger où elle vit depuis des années. Ils se sont aimés dans leur jeunesse, et ne se sont plus revus depuis des décennies. Elle est seulement de passage en Corée, et doit repartir dans quelques jours…

Old Love
Corée du sud, 2017
De Park Kiyong

Durée : 1h29

Sortie : –

Note : 

UN PREMIER AMOUR NE S’OUBLIE JAMAIS, S’OUBLIE JAMAIS, S’OUBLIE JAMAIS

Couronné à Busan il y a 20 ans avec son premier long métrage Motel Cactus, Park Kiyong n’est donc pas un nouveau venu même s’il reste beaucoup plus méconnu en France que la plupart des acteurs du renouveau coréen entamé au tournant du millénaire. Old Love, avec une certaine ironie, raconte justement les retrouvailles de deux anciens amours qui ne se sont pas vus depuis une bonne vingtaine d’années. Ces retrouvailles se font avec une certaine gêne, autour d’un vieux cendrier d’aéroport, avec une caméra qui reste timidement à distance.

C’est le dispositif mis en place par Old Love: un dénuement, une épure et une humilité permettant de se pencher avec sensibilité sur ses deux protagonistes qui font le point. Ils sont entre deux âges, gagnés par une certaine amertume, tandis qu’autour d’eux l’hiver touche à sa fin et les traces de neige se raréfient (à moins que l’hiver ne débute et que la neige arrive ?). Il y a quelque chose de brut et en même temps d’assez délicat dans le ton de Park ainsi que dans la prestation convaincante de ses acteurs. Peut-être parfois aussi une certaine pesanteur, avec ces longues scènes de dialogues qui menace de priver le film d’air.

L’une des remarquables réussites du film tient justement à sa façon d’ouvrir les portes et les fenêtres vers l’imprévu et la digression. Là où l’on craint d’étouffer dans une discussion faite de non-dits, la caméra se glisse dans les cuisines d’un boui-boui, derrière l’étal d’un marché ou au cœur d’une manifestation pour la destitution de la présidente. Des moments où la vie reprend le dessus, par l’anecdote ou par l’événement. Nous sommes en Corée : la retenue est peu à peu fêlée par le soju, comme dans la dernière partie du film. Qui jusqu’au bout garde son climat entre doux-amer et clair-obscur, précieux et délicat.

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par Nicolas Bardot

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