Critique : No Hard Feelings – Le Monde est à nous

Entre plans Grindr, raves et culture pop, Parvis, fils d’Iraniens exilés, profite pleinement de la vie dans sa petite ville en Basse-Saxe. Après avoir été surpris en train de voler à l’étalage, il est condamné à des travaux d’intérêt général dans un centre pour réfugiés où il tombe amoureux d’Amon, qui a fui l’Iran avec sa sœur. Le trio vivra un été inoubliable.

No Hard Feelings – Le Monde est à nous
Allemagne, 2020
De Faraz Shariat

Durée : 1h32

Sortie : 23/03/2022

Note :

LE MONDE EST A NOUS

Jeune et sexy, le gentil Parvis donne l’impression d’être à l’aise partout : dans sa famille, avec ses plans cul, dans son costume de Sailor Moon. Il est autant lui-même auprès de ses racines iraniennes que dans l’Allemagne contemporaine qu’il arpente comme un terrain de jeu. Condamné à des travaux d’intérêt général, il doit travailler comme interprète dans un centre de réfugiés et c’est parmi ces derniers qu’il rencontre Amon dont il tombe amoureux. Cela pourrait être les premiers rouages maudits d’un amour impossible ou au contraire les premiers effleurements d’un bluette adolescente, mais l’étonnant No Hard Feelings possède son propre ton : délicat mais riche de ruptures inattendues.

Pour son premier film (semi autobiographique) Faraz Shariat fait preuve d’un vrai talent d’écriture pour slalomer entre réalisme vif et flâneries sensuelles. On retrouve d’ailleurs cette générosité dans la mise en scène, elle-même particulièrement sensorielle et émouvante. Pas étonnant que No Hard Feelings ait remporté le Teddy Award lors de la dernière Berlinale : en plus de ces attachantes qualités cinématographiques, le film épouse les enjeux les plus contemporains de représentations queer. Sans être un film-à-sujet, No Hard Feelings dégage une réelle force politique dans sa façon de superposer l’instabilité des vécus propres aux personnes lgbt marginalisées et des immigrés en situation irrégulières.

L’une des excellentes idées de Shariat (et pourtant l’un de ses paris les plus risqués) est de laisser une place étonnamment conséquente à un troisième personnage, la sœur d’Amon. Au lieu de rajouter une cinquième roue à son carrosse, le film élargit ainsi son propre scope et son ambition, à l’image de ces saisissantes séquences fantasmées où les personnages s’élancent vers un horizon qui leur est propre. Comme l’évoque le titre allemand d’origine (Futur drei), rien ne semble pouvoir freiner la lancée de ces protagonistes. C’est avec une fougue rare que le film nous donne à ressentir nous aussi l’ardeur qui les anime.

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par Gregory Coutaut

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