Critique : Ninjababy

Astronaute, garde forestière, dessinatrice… Rakel, 23 ans, a tous les projets du monde, sauf celui de devenir mère. Quand elle découvre qu’elle est enceinte de 6 mois suite à un coup d’un soir, c’est la cata ! C’est décidé : l’adoption est la seule solution. Apparaît alors Ninjababy, un personnage animé sorti de son carnet de notes, qui va faire de sa vie un enfer…

Ninjababy
Norvège, 2021
De Yngvild Sve Flikke

Durée : 1h43

Sortie : 21/09/2022

Note :

ALLO MAMAN ICI BÉBÉ

23 ans, l’air cool mais le cheveux gras, Rakel n’est ni tout à fait encore une ado ni encore complètement une femme. Elle traîne, galère, s’éclate et baise sans se faire plus de souci que ça. Même accompagné d’une petite musique tendre, Ninjababy de Yngvild Sve Flikke (lire notre entretien) possède un ton joyeusement cru, souvent jubilatoire. Son héroïne n’a pas peur de parler de cul, d’être trop bourrée ou d’avoir l’air ridicule, et autour d’elle les mecs en prennent pour leur grade, fanfarons immatures et nigauds qu’ils sont. Pourtant, l’hilarant quotidien de Rakel-la-cool va se retrouver chamboulé par l’improbable nouvelle qui lui tombe dessus. Non seulement apprend-elle qu’elle est enceinte, mais elle en est déjà à 6 mois et demi de grossesse, alors qu’elle ne se doutait de rien.

« Ne te laisse pas tomber au sol, essaie de te préparer à te relever » lui explique son prof d’arts martiaux. La nouvelle est pourtant trop énorme, trop grotesque pour être digérée normalement. Voilà Rakel bien obligée de penser à demain, de retrousser ses manches et mettre en marche son imagination. Son corps l’a trahie en lui cachant sa propre grossesse ? C’est alors son imaginaire qui va prendre le volant. Tel un ninja furtif, son futur bébé déboule dans son cerveau et se met à lui parler, et à l’écran Ninjababy apparait sous la forme d’une silhouette crayonnée, une sorte de pirate de poche qu’elle seule peut voir.

Ninjababy est basé sur l’œuvre dessinée de Inga Sætre, autrice qui signe d’ailleurs toutes les animation du film. Cette création collaborative au féminin a pour admirable qualité de ne pas prendre son public adolescent pour des prudes ou des naïfs au moment de parler de sujets sérieux (qu’est-ce qui constitue une famille ?) voire graves (l’avortement). Le film charme par son ton à la fois comique et mélancolique, provoc et chaleureux, où l’on peut aussi bien débattre du libre-arbitre que du meilleur endroit pour éjaculer. Un film attachant et qui n’a pas peur, à l’image de son héroïne, elle aussi ninja à sa manière.

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par Gregory Coutaut

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