Critique : Neige

Anita, elle est barmaid à « La Vielleuse », elle a un grand cœur. Willy lui, Anita il l’aime et c’est pas tous les jours facile. Jocko est antillais, pour vivre son exil, son « truc » c’est l’église de la Sainte-Trinité dont il est le Pasteur. Tous les trois, ils vivent sur les 800 mètres de boulevard entre Barbès et Pigalle. Bobby c’est le môme du quartier, il fait profession de « dealer ». Anita l’a presque élevé et elle ferait tout pour le protéger. Anita et ses deux copains, ils vont vite apprendre le prix du gramme d’héroine.

Neige
France, 1981
De Juliet Berto & Jean-Henri Roger

Durée : 1h30

Sortie : 05/01/2022

Note :

PREMIÈRE NEIGE

Actrice chez Jean-Luc Godard ou chez Jacques Rivette (pour lequel elle a co-scénarisé l’incroyable Céline et Julie vont en bateau), Juliet Berto s’est aussi distinguée en tant que réalisatrice. Lors d’une carrière stoppée par sa disparition prématurée à l’âge de 42 ans, Berto a eu le temps de signer quelques longs métrages, parmi lesquels Neige. Celui-ci lorgne plus directement vers le cinéma français populaire, mais son succès a malgré tout créé la surprise lors de sa sortie initiale en 1981. 700.000 spectateurs se sont pressés pour voir ce premier film, primé quelques mois plus tôt au Festival de Cannes.

Neige peuple son récit de figures prolo à la limite du cliché : la barmaid gouailleuse, le marlou au grand cœur, le pasteur échappé de Shaft, le travesti fantasque, etc. On ne s’appelle pas Martine ou Francine, mais Anita, Bobby, Willy. Associée à Jean-Henri Roger, Juliet Berto plonge ces figures archétypales dans la vie de quartier du 18e arrondissement de Paris. Les héros de fiction se mêlent à la foule compacte des trottoirs de Pigalle, la caméra est vive, la foule n’est pas une foule de figurants. Derrière l’argument de polar, Berto et Roger capturent à merveille l’atmosphère des lieux, course-poursuite au magasin Tati de Barbès, séance nocturne de ciné au Trianon, néons de fête foraine.

Il y a quelque chose d’extrêmement attachant dans la façon qu’a le duo de croquer cette réalité-là, de la mêler au romanesque, où l’aventure naît sur le trottoir d’en face. Jean-Henri Roger confesse qu’il habitait à côté, que le tournage avait pour ainsi dire lieu dans sa rue. Cette proximité se ressent, donne vie au film, petite perle qui est à nouveau remise en lumière par cette ressortie en version restaurée.

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par Nicolas Bardot

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