Critique : Radio Metronom

Bucarest, 1972. Ana a 17 ans et rêve d’amour et de liberté. Un soir, elle rejoint ses amis à une fête où ils décident de faire passer une lettre à Metronom, l’émission musicale que Radio Free Europe diffuse clandestinement en Roumanie. C’est alors que débarque la police secrète de Ceausescu, la Securitate…

Metronom
Roumanie, 2022
De Alexandru Belc

Durée : 1h42

Sortie : 04/01/2023

Note :

NOUVELLE RADIO JEUNE

Ancien collaborateur de Cristian Mungiu et Corneliu Porumboiu, Alexandru Belc signe avec Metronom son premier film de fiction, cinq ans après le documentaire Cinéma, mon amour. Ce film, qui était d’ailleurs sorti en salles en France, mettait en scène un exploitant se battant contre l’adversité pour maintenir en activité sa salle de cinéma. C’est une autre forme de résistance que raconte Metronom. L’action se déroule en 1972, et Metronom est le nom d’une émission de radio clandestine où les jeunes peuvent entendre en cachette non pas des messages politiques subversifs mais des simples chansons de Led Zeppelin, Janis Joplin ou Jimi Hendrix.

Dans sa première partie, on ne peut pas dire que Metronom cherche à donner la mesure du risque encouru par ses jeunes personnages. Le ton est plutôt à une sorte d’insouciance. Pour fêter la fin des cours, les camarades de classe d’Ana ont décidé d’organiser une soirée (une fin d’après-midi, plutôt) pour écouter Metronom tous ensemble. Si la réunion est bel et bien secrète, celle-ci ronronne gentiment comme un tourne disque qu’on aurait oublié d’éteindre. On se croirait moins à une réunion de futurs dissidents qu’à un simple goûter devant des tranches de Savane, et le film donne l’impression de ne pas vouloir quitter les rails sages et un peu lisses d’une reconstitution historique gentille en mode Salut les copains.

C’est quand la bulle d’insouciance des protagonistes est soudain percée par l’arrivée intempestive des adultes que le film se réveille (et nous avec), montrant qu’il savait très bien où il allait. Les discussions pleines de rêves adolescents et de mélodies étrangères laissent place aux ordres uniformes de la dictature, comme un effet miroir ou comme le mouvement de balancier d’un métronome. Metronom est tourné quasiment en temps réel et ce qui pourrait passer pour un parti-pris un peu gratuit au début prend tout son relief glaçant dans ce changement de registre, comme si le film nous forçait ainsi à regarder la vérité en face, sans nous donner l’occasion de détourner le regard. Alexandru Belc ne cherche pas à reproduire la radicalité de ses compatriotes et anciens collaborateurs. D’une plus grande facilité d’accès, proche de ses personnages, Metronom parvient à être tantôt dur, tantôt chaleureux et à sortir gagnant d’une telle formule pas évidente.

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par Gregory Coutaut

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