A voir en ligne | Critique : Maternal

Paola quitte l’Italie pour Buenos Aires où elle doit terminer sa formation de Sœur au sein d’un foyer pour mères adolescentes. Elle y rencontre Luciana et Fatima, deux jeunes mères de 17 ans. A une période de leur vie où chacune se trouve confrontée à des choix, ces trois jeunes femmes que tout oppose vont devoir s’entraider et repenser leur rapport à la maternité.

Maternal
Argentine, 2019
De Maura Delpero

Durée : 1h31

Sortie : 07/10/2020

Note :

MÈRES ET SŒURS

Lors d’une scène assez cocasse de Maternal, première fiction de la documentariste d’origine italienne Maura Delpero, des adolescentes dansent dans des tenues pas particulièrement catholiques, tandis que des bambins dans la salle d’à côté regardent des dessins animés évangélistes à l’esthétique kitsch. Delpero confronte ses antagonistes : gamines bravaches qui se donnent des coups de déo dans la culotte contre bonnes sœurs revêches qui ne savent que taper sur ce qu’elles ont sous la main pour se faire entendre. Mais la cinéaste décrit pourtant sans jugement ce lieu curieux où des religieuses chapeautent des jeunes mères encore adolescentes et livrées à elles-même, dans un pays (l’Argentine) où l’avortement demeure illégal.

Maternal va assez finement d’un point de vue à l’autre, et cette multiplicité des points de vue permet au film d’offrir une perspective sans cesse nuancée. Elle permet aussi un regard bienveillant qui ne se limite pas à une paresse manichéenne. Tout ici est très humain, avec les contradictions que cela implique. Le film questionne de manière plutôt subtile ce qui constitue la maternité, sa nature, ses désirs et ses difficultés.

On craint d’abord un film bien fait mais un peu scolaire – Maternal va finalement bien au-delà de ça. Ses glissements le révèlent peu à peu, dans une tonalité plus ambiguë et inattendue. L’épure de la mise en scène, la caméra fixe, le silence qui règne, mettent en valeur les coups de sang. Le long métrage parvient à la fois à être un bon « film à sujet » mais à ne pas s’arrêter au didactisme. Il explore ses personnages avec complexité et une honnêteté gratifiante. Une belle surprise qui met en lumière un talent à suivre.

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par Nicolas Bardot

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