Critique : Louloute

Années 80, Normandie. Entre les vaches, le Club Do’ et les gros pulls en laine, Louloute rêve, tombe amoureuse et se dispute avec ses proches. Alors que la ferme familiale s’endette, sa vie va changer à jamais.

Louloute
France, 2020
De Hubert Viel

Durée : 1h27

Sortie : 18/08/2021

Note :

RETOUR EN NORMANDIE

Louise a trente ans, elle est enseignante et de toute évidence, son quotidien n’est pas un lit de roses. Louise retrouve par hasard un crush d’enfance, ce dernier lui confie qu’il la trouvait déjà un peu folle lorsqu’elle avait 10 ans. Pas folle, mais « mélancolique », le reprend-elle. Hubert Viel effectue des va-et-vient dans Louloute, entre la Louise cabossée d’aujourd’hui et la Louloute d’hier, élevée dans une ferme de Normandie. Le long métrage ouvre une piste intéressante avec cette héroïne prisonnière de sa mémoire, qui ne fait plus guère de distinction entre ses souvenirs et le présent, leur véracité ou leur absurdité.

Cette aspérité et ce défi narratif sont malheureusement assez vite effacés de Louloute. Le long métrage s’inscrit plutôt dans le classicisme actuel (et qui semble déjà manquer de fraicheur) de la chronique borderline France 3 Régions post-Petit paysan. Dans ses belles couleurs d’automne, le film soigne méticuleusement sa reconstitution 80s. Jusqu’au fétichisme : les parures de draps Zorro, les épisodes de Ken le survivant, les volumes de Bibliothèque Rose, la pub Cajoline (jusqu’à la boite de biscuits Bamboula !) – Louloute finit envahi et semble davantage préoccupé par ses clins d’œil nostalgiques et décoratifs à répétition que par de très excitantes idées de cinéma.

L’interprétation convaincante rehausse le film et lui donne de la vie. Laure Calamy, comme les jeunes interprètes qui l’entourent, offrent suffisamment de spontanéité pour faire dérailler le film de ses formules. Louloute reste pourtant ce genre de récit familial où l’on chante inévitablement en voiture, où l’empilement répétitif de scènes d’engueulades semble là pour faire croire qu’il se passe toujours quelque chose. Sur son propos politique, Louloute demeure très didactique : on dit et on explique, parfois en voix-off, à la limite de la fiche de lecture. Le film est malgré tout assez plaisant mais nous a paru trop souvent en surface, régulièrement mignon mais un peu anecdotique.

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par Nicolas Bardot

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