Critique : Light of My Life

Dans un futur proche où la population féminine a été éradiquée, un père tâche de protéger Rag, sa fille unique, miraculeusement épargnée. Dans ce monde brutal dominé par les instincts primaires, la survie passe par une stricte discipline, faite de fuite permanente et de subterfuges. Mais il le sait, son plus grand défi est ailleurs: alors que tout s’effondre, comment maintenir l’illusion d’un quotidien insouciant et préserver la complicité fusionnelle avec sa fille ?

Light of My Life
États-Unis, 2019
De Casey Affleck

Durée : 1h59

Sortie : 12/08/2020

Note :

À TRAVERS LA FORÊT

L’an passé, on a pu découvrir Leave No Trace de Debra Granik dans lequel un père décide de vivre en marge de la société avec sa fille, plantant sa tente dans la vaste nature de l’Oregon. La première différence que l’on peut noter avec Light of My Life, qui est aussi une histoire d’un père et de sa fille vivant tapis dans les bois, c’est qu’il s’agit davantage d’une nécessité que d’un désir – on découvrira peu à peu pourquoi. La touche de SF apporte une perspective différente au récit de survie et aux archétypes filmiques issus de la nature writing.

Light of My Life débute chuchoté, avec cette envie de « raconter une histoire ». Celle-ci aura beau être à dormir debout, elle ne semble renvoyer qu’au réel et personne n’est dupe – la fillette comme le public. La dimension de conte est importante dans Light of My Life : le père et sa fille, les bois dans lesquels on se perd, le macabre, la menace ou encore cette maison des trois ours. C’est un registre ouvert aux interprétations dans un film qui n’a pas à tout expliquer pour que ses enjeux soient nets.

La mise en scène de Casey Affleck, qui signe ici son second long métrage après le mockumentary I’m Still Here, est sobre, posée, favorisant l’observation : de la nature, des secrets dans une maison abandonnée, du premier et du second plan – exactement comme les feraient les protagonistes du long métrage. C’est l’une des réussites du film dont l’émotion ne naît pas que des péripéties ou de ce que dicte le script. Celui-ci, nuancé, ne raconte ni l’histoire d’un papa surhomme, ni celui d’une enfant géniale. Mais, derrière la fable de survie, le film compose un beau récit d’émancipation sensible qui embrasse les zones d’ombre de ses personnages et, à l’image de son dénouement en trompe-l’œil, refuse de voir les choses en leur ôtant leur ambiguïté.

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par Nicolas Bardot

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