Critique : Les Siffleurs

Cristi, un inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue, est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué malgré lui par la sulfureuse Gilda sur l’île de la Gomera il doit apprendre vite le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce langage secret, il pourra libérer en Roumanie un mafieux de prison et récupérer les millions cachés…

Les Siffleurs
Roumanie, 2019
De Corneliu Porumboiu

Durée : 1h38

Sortie : 08/01/2020

Note :

A BOUT DE SOUFFLE

Caméra d’or pour 12h08 à l’est de Bucarest, Prix Un Certain Regard pour Le Trésor, le Roumain Corneliu Porumboiu accède logiquement à la compétition cannoise avec Les Siffleurs. Avec des films tels que 12h08 ou Policier, adjectif (qui fut également sélectionné à Cannes), Porumboiu s’est distingué comme l’un des talents roumains les plus radicaux de sa génération. Le Trésor, qui s’ouvrait vers une dimension plus fantaisiste, offrait une nouvelle perspective prometteuse. Mais Les Siffleurs, à nos yeux, manque le coche.

Il y a dans Les Siffleurs une belle idée : l’utilisation par des mafieux et malfrats d’un langage sifflé, donnant une absurde poésie au long métrage. Celui-ci s’inscrit dans des codes du film noir et a bien conscience d’évoluer dans un monde de cinéma. Les femmes fatales se nomment Gilda, on fait des clins d’œil à John Wayne et aux Indiens siffleurs, on déambule littéralement dans un décor de cinéma… Cela pourrait être ludique mais paradoxalement, le film et son approche postmoderne sentent le renfermé. Même volontairement appuyée comme un gag grotesque assumé, la scène de la douche à-la-Hitchcock met plutôt dans l’embarras.

C’est là notre déception devant le nouveau Porumboiu, qui savait dans ses précédents films traiter du réel à travers d’étonnants filtres. A première vue plus accessible, Les Siffleurs est affaibli par une construction poussive qui fige le long métrage. Le romanesque de son finale est forcé et son jeu de rôles nous a semblé vain.

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par Nicolas Bardot

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