Festival Visions du Réel | Critique : Last Days at Sea

Reyboy, 12 ans, va bientôt quitter son village natal de Karihatag pour aller à l’école en ville. Reyboy aime la mer, le bruit constant des vagues dans ses oreilles et regarder vers le l’horizon qui s’étend devant ses yeux. La petite communauté dans laquelle vit sa famille subit stoïquement les défis de la pauvreté, de la surpêche et de l’exode rural.

Last Days at Sea
Philippines, 2021
De Venice Atienza

Durée : 1h12

Sortie : –

Note :

L’ENFANT DU PARADIS

Last Days at Sea, premier documentaire de la Philippine Venice Atienza (lire notre entretien), débute littéralement dans l’eau, avec une caméra qui semble à la fois flotter sur et dans la mer. C’est d’ici que la cinéaste filme le dernier été de Reyboy, 12 ans, dans son village natal au bord de l’eau, avant que le jeune garçon ne parte en ville pour étudier. Ce sont deux mondes qui semblent totalement distincts ; d’ailleurs quand Atienza montre à Reyboy la seule photo de Manille qu’elle a dans son téléphone, le décor nocturne et lointain de la ville ressemble à celui d’un paysage de science-fiction.

Venice Atienza raconte le paradis bientôt perdu par Reyboy. Last Days at Sea se déroule la plupart du temps dans une eau limpide où l’on nage avec bonheur. C’est un endroit duquel on peut mieux voir les étoiles, et qui laisse de la place aux rêves. C’est, du point de vue sonore, un véritable film en ASMR, avec cet incessant ressac des vagues qui fonctionne comme une berceuse. Il y a tellement de couchers de soleil sublimes dans Last Days at Sea que montrer ce film en plein confinement ou couvre-feu constitue presque une provocation.

Mais qu’est-ce qui se cache derrière les lumières vacillantes du paradis ? Il y a bien une raison pour laquelle Atienza s’attache autant aux couchers de soleil plus qu’aux moments où il se lève. La cinéaste filme le paradis mais aussi son envers. Le village a résisté aux tempêtes mais jusqu’à quand ? En creux, on aborde les conséquences du dérèglement climatique, les conditions de vie des pêcheurs… Si le film raconte avec tendresse le coucher de soleil sur l’enfance de son protagoniste, il dessine également celui, en sourdine, d’un lieu et d’un mode de vie.

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par Nicolas Bardot

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