DVD | Critique : Lamb

María et Ingvar vivent reclus avec leur troupeau de moutons dans une ferme en Islande. Lorsqu’ils découvrent un mystérieux nouveau-né, ils décident de le garder et de l’élever comme leur enfant. Cette nouvelle perspective apporte beaucoup de bonheur au couple, mais la nature leur réserve une dernière surprise…

Lamb
Islande, 2021
De Valdimar Jóhannsson

Durée : 1h46

Sortie : 29/12/2021 (04/05/2022 en dvd et vod)

Note :

ENSEMBLE, C’EST TOUT

Lamb semble se dérouler au bout du monde ; quelque part, on ressent comme une présence dans la neige et le film parvient à capter l’attention immédiatement sans en dire trop. Ce début de film est à l’image du long métrage de l’Islandais Valdimar Jóhannsson, dont la retenue est exploitée de manière intelligente. Il n’est guère nécessaire de commenter par des dialogues quand on sait aussi bien raconter par l’image. Pas besoin de musique indiquant ce que l’on doit ressentir. Il y a dans Lamb une simplicité et une pureté qu’on ne rencontre pas si souvent aujourd’hui au cinéma.

Ce faisant, Valdimar Jóhannsson a une idée derrière la tête. L’épure dans Lamb est un excellent moyen pour faire avaler l’extravagance. Ce contraste intéressant fait qu’il n’est jamais totalement évident de savoir dans quel genre on se trouve. Il y a ici une tension de thriller, il y a aussi une chaleur humaine, c’est un film qui tend et qui étreint, il y a de l’incongruité mais ça n’est pas une comédie… On ne sait comment réagir ? Les deux héros, un couple qui découvre un mystérieux nouveau-né près de leur ferme, ne le savent pas non plus – alors pourquoi avoir de l’avance sur eux ?

Lamb n’a pas peur du ridicule et sait comment traiter le grotesque. C’est un film qui a le sens de la surprise et du virage scénaristique. Tout cela, associé au choix de raconter sans dialogues en trop, témoigne de vraies bonnes qualités d’écriture. Valdimar Jóhannsson ne craint pas de laisser des vides, c’est probablement par ces interstices que le film respire, que le mystère s’invite, comme l’inquiétude qui finit par planer sur un paysage bucolique.

La richesse de l’imaginaire (dans ce qui en apparence ressemble à un « petit » film) permet à Lamb d’échapper à la métaphore niaise. Il y a la force évocatrice du conte ici, d’un conte à contre-courant, également servi par la qualité des acteurs (dont Noomi Rapace, dont le charisme rayonne à chaque scène). Voilà un premier essai très réussi, surprenant, excitant, qui fait écarquiller les yeux et fait pousser des « oh ! » : que demander de plus pour un premier long métrage ?

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par Nicolas Bardot

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