Festival CPH:DOX | Critique : i Am Gen Z

Ce documentaire explore, à travers le prisme de la génération Z, comment l’explosion de la révolution numérique a un impact sur notre société, notre cerveau et notre santé mentale.

i Am Gen Z
Royaume-Uni, 2021
De Liz Smith

Durée : 1h41

Sortie : –

Note :

DÉGÉNÉRATION

La Génération Z regroupe les personnes nées pendant une courte fenêtre de temps : entre 1997 et 2012 (Wikipédia la raccourcit même en s’arrêtant à 2010). Le point commun des membres de la Gen Z ? Être nés en même temps que l’iPhone et Facebook, c’est à dire dans un monde où il était d’ores et déjà acquis que notre quotidien était façonné par les nouvelles technologies. Alors que les plus vieux zoomers s’apprêtent à fêter leur 25 ans, quel observation tirer de cette génération connectée au monde d’une façon inédite, inenvisageable (et parfois même incompréhensible) pour leurs ainés ?

La réalisatrice britannique Liz Smith ne fait pas partie de cette génération, mais I Am Gen Z n’est heureusement pas un film de boomer pour autant. Si elle utilise entre autres des images glanées sur internet et les réseaux sociaux, elle n’enferme pas les adolescents dans le rôle de sujets d’études passifs. Ceux-ci ont la parole (pas étonnant que le titre du film soit à la première personne) et sont autant pris au sérieux que les différents experts interrogés. Liz Smith parvient à ne pas se placer en juge moral, mais ça ne l’empêche pas de s’interroger sur les conséquences positives comme négatives de ces nouvelles technologies. Pour cela, elle retrousse ses manches avec enthousiasme et aborde la question par le biais large de la science.

L’adolescence est une période charnière du développement d’une personne. Ce n’est pas (seulement) votre maman reloue qui vous le dit, c’est la science. Quelle influence ont les habitudes et les réflexes liés aux nouvelles technologies sur les années formatrice du cerveau ? En s’attaquant d’abord aux neurosciences (saviez-vous que le manque de sommeil freine le développement de l’empathie ?) puis aux sciences sociales, I Am Gen Z élargit son champ de recherche jusqu’à s’interroger sur l’avenir de la vie en société et de la politique. Car ce ne sont pas seulement les petits habitudes telles que le temps d’écran qui sont ici décortiquées, mais aussi l’utilisation que les multinationales font de toutes ces nouvelles données.

S’il y a bel et bien une condamnation qui se dessine en filigrane dans I Am Gen Z, c’est donc moins envers les zoomers qu’envers les aînés. Si la Gen Z est en effet une génération de cobaye, qui maitrise l’expérience ? Qui en tire profit ? Ceux qui sont à blâmer, ce ne sont pas seulement ceux qui condamnent les ados à « la malédiction d’être en permanence conscient de soi-même » (une sacrée formule pour parler de l’addiction à la gratification des réseaux), mais aussi ceux qui s’enrichissent à mesure qu’ils privent les utilisateurs d’internet de leurs libertés. Ce que dévoile alors le film, c’est à quel point ces nouvelles technologies sont les symboles d’un capitalisme prêt à tout dévorer, y compris sa propre géniture, pour survivre.

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par Gregory Coutaut

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