Critique : Hospitalité

Au cœur de Tokyo, la famille Kobayashi vit paisiblement de l’imprimerie. Quand un vieil ami de la famille réapparaît, aucun ne réalise à quel point il est en train de s’immiscer progressivement dans leur vie… jusqu’à prendre leur place.

Hospitalité
Japon, 2011
De Koji Fukada

Durée : 1h36

Sortie : 26/05/2021

Note :

MI CASA ES SU CASA

Le scénario d’Hospitalité, film que Koji Fukada a réalisé en 2011 soit bien avant Harmonium ou L’Infirmière, joue la carte du voisin envahissant auquel il est impossible d’échapper. Une recette efficace, basée à la fois sur le ressentiment face à l’injustice et l’angoisse de l’attente de la libération, pouvant potentiellement servir autant pour la comédie que pour l’angoisse. Et entre ces deux directions, Fukada ne choisit pas. Jusqu’à la fin, impossible de décider si le très encombrant Kagawa est un inoffensif hurluberlu hystérique ou un monstre calculateur.

C’est justement cette ambiguïté permanente qui fait tout le sel du film, qui n’a pas peur de s’approcher parfois tout près de la frontière de l’absurde, sans pour autant jamais nuire à la totale crédibilité de son histoire. Car Kagawa ramène dans la maison du protagoniste ses propres règles, sa femme, ses amis, jusqu’à la transformer, lors une scène se chenille démente et improbable, en un mélange d’auberge de jeunesse et de maisons hantée par des fous. Faut-il rire ou trembler ? Un peu des deux.

Dans une famille très différente du cinéma japonais, on peut faire un rapprochement entre Hospitalité et Cold Fish que Sono Sion a réalisé à la même époque. Sur une trame similaire, ce dernier montrait l’explosion d’une famille paumée avec une violence jubilatoire. Hospitalité en est en quelque sorte la version polie (et ça ne veut pas dire la version nase). Bien plus proche de la comédie grinçante et ambigüe que du film de genre, le film souffre parfois de problèmes de rythme qui viennent nuire un tantinet à la tension générale. Mais cette tension a justement pour mérite de s’enrichir étonnamment de ces différents registres et de retomber sur ses pattes lors un dénouement paradoxalement très ouvert, laissé à toutes les interprétations. Farce ironique sur l’insularité, la peur de l’autre et le repli sur soi, Hospitalité montre qu’au contraire, le danger vient bien de l’intérieur.

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par Gregory Coutaut

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