Critique : High Fantasy

Suite à événement inexplicable, 4 amis (3 filles et 1 garçon, 3 noires et une blanche) voient leur personnalité et leurs corps s’échanger.

High Fantasy
Afrique du sud, 2018
De Jenna Bass

Durée : 1h14

Sortie : –

Note : 

WHITE AND BLACK BLUES

Trois amies partent pour un road trip entre filles dans le désert sud-africain. Lexi, qui est blanche, a invité Xoli et Tatianna, toutes les deux noires, dans sa propriété familiale. Le premier caillou dans la chaussure, c’est quand l’une d’entre elles débarque sans prévenir avec Thami (noir lui aussi) un mecton à grande gueule qui s’incruste dans l’aventure. Le tout filmé façon found footage. Cela ferait un début idéal de film d’horreur pour ados mais, s’il y a bien du surnaturel dans High Fantasy, le film est plutôt une drôle de comédie. Suite à un événement non-expliqué, les quatre protagonistes vont en effet se réveiller en ayant échangé leurs corps. Oui, comme dans Freaky Friday. Ou plutôt comme dans You Am I de Nobuhiko Ôbayashi. Ce que High Fantasy partage avec cette comédie japonaise, c’est un regard tendre sur des adolescents qui se construisent en slalomant entre les stéréotypes de genre.

Blanc/noir. Hommes/femmes. Les symboles ici en jeu sont aussi évidents et peu discrets que la tagline du film (Rainbow nation is bullshit). Cela d’autant plus que la réalisatrice Jenna Bass utilise des stéréotypes bien ancrés: le mec-hétéro-queutard, la fille-noire-en-colère, etc. On aimerait qu’elle utilise son abracadabrantesque point de départ pour réduire ces clichés en miettes avec encore plus de véhémence ou de subversion. Si High Fantasy pose sur certains thèmes un regard d’une étonnante amertume (pink washing, culpabilité blanche, fétichisme colonialiste…), c’est dans les scènes les plus légères que le film possède le plus d’adresse et de charme. Des gags qui, sur le papier, pourraient avoir l’air potache ailleurs (le garçon découvre sensuellement son nouveau corps de femme) se révèlent ici inclusifs et bienveillants. Imparfait mais attachant.

par Gregory Coutaut

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