Festival du Film Coréen | Critique : Hail to Hell

Na-mi et Sun-woo ont passé leur scolarité à être harcelées. Liées par un pacte suicidaire et prêtes à en finir, elles découvrent que leur tourmenteuse en chef, Chae-lin, étudie désormais à Séoul et s’apprête à partir vivre à l’étranger, heureuse. Poussées par la colère, elles se mettent à sa recherche, assoiffées de vengeance. Mais ce que les deux adolescentes vont trouver dans leur quête est loin d’être ce à quoi elles s’attendaient…

Hail to Hell
Corée du Sud, 2022
De Lim Oh-jeong

Durée : 1h49

Sortie : –

Note :

JUSQU’EN ENFER

Les films sur le harcèlement scolaire constituent un genre à part entière dans le cinéma coréen. Hail to Hell, premier long métrage de la Coréenne Lim Oh-jeong (lire notre entretien), en est un nouvel exemple. Malgré le caractère édifiant de ce sujet, comment éviter la redite ? Dévoilé en première mondiale dans la compétition du Festival de Busan, ce film raconte le harcèlement subi par deux lycéennes. Mais Lim Oh-jeong twiste assez rapidement le récit de brimades attendues. Une fois passée la surprise de la première scène (ce qu’on prend initialement pour une célébration joyeuse est une scène de harcèlement sous des ricanements), Lim décide de raconter l’histoire de deux victimes qui veulent leur vengeance.

On sait le cinéma coréen habituellement plus habile que tous les cinémas du monde en matière de mélange de genres. Mais si ce postulat ainsi qu’une certaine tension empruntent au polar, le film reste davantage dans le registre du drame social. Quand on sort la lame d’un cutter dans Hail to Hell, on tremble surtout à l’idée de s’en servir. Les désirs de justice et de vengeance dans le long métrage sont ambivalents, a fortiori quand l’histoire se fait aussi perverse : la harceleuse principale est devenue une born again touchée par la foi – comment les victimes peuvent-elles donc faire payer un ange ?

Cette transformation est-elle purement performative ? Toujours est-il que Lim dépeint une douleur impossible à apaiser – comment accepter le pardon de celle qui est devenue meilleure ? Là encore, l’écriture complexe de Lim donne aux protagonistes et aux situations d’imprévisibles dimensions. Une bonne partie du film se déroule dans une communauté religieuse qui apporte des réponses simples à toute question : ce sera soit l’enfer, soit le paradis. Mais autour des jeunes, ce sont autant de modèles adultes insensés, c’est une course rapide au bouc émissaire. La cinéaste met en place des dynamiques ambiguës qui apportent de la nuance au long métrage. Si celui-ci manque parfois de nerf et de concision, il fait preuve d’une efficacité visuelle toute coréenne. Ce premier film a de la ressource et il est prometteur.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article