Critique : Entre les vagues

Rêver, foncer, tomber, repartir, rêver encore, et recommencer. Elles ont l’énergie de leur jeunesse, sa joie, son audace, son insouciance. Deux meilleures amies, l’envie de découvrir le monde. Margot et Alma sont inarrêtables, inséparables.

Entre les vagues
France, 2021
De Anaïs Volpé

Durée : 1h40

Sortie : 16/03/2022

Note :

ET VOGUE LA GALÈRE

Qui peut arrêter les infatigables Margot et Alma ? Apprenties comédiennes, ces deux amies inséparables sont bien décidées à traverser la vie avec panache et à mener fièrement leur embarcation de galère. Alliées fusionnelles prêtes à tout pour ne plus rester en marge de leur propre vie, elles sont plutôt du genre culottées, quitte à s’incruster en catimini dans une fête de mariage ou à prétendre faire du scandale pour se faire remarquer. A l’image de leur intarissable tchatche de gamines, elles sont à la fois épuisantes et attachantes à force de jouer des coudes le sourire aux lèvres.

Cette impression est peut-être renforcée par la présence de Déborah Lukumuena (révélée par Divines) mais, en termes de cinéma, Entre les vagues s’ouvre sur des flots relativement familiers du cinéma français contemporain, avec ce portrait brut et citadin de deux grandes adolescentes à qui la vie ne fait pas peur. De même, le parallèle entre expression théâtrale et découverte de soi reste balisé. Le raz-de-marée promis par le titre est plutôt à chercher dans l’irrésistible énergie des personnages, véritables lapins Duracel dans la nuit parisienne, et bien sûr des actrices. Face à Lukumuena, Souheila Yacoub (Le sel des larmes, De bas étage) est d’ailleurs particulièrement charismatique.

Alors qu’on commence à se demander jusqu’où ce hors-bord pouvait foncer sans épuiser ses passagers, Entre les vagues change de ton, devient plus sombre. Dessoudées, les héroïnes se retrouvent alors filmées chacune de leur côté. Or la réalisatrice Anaïs Volpé entend ne rien perdre de cette précieuse intensité au cours de ce changement de registre. Après avoir servi de contrepoint à l’humour des premières scènes, celle-ci vient désormais surligner l’intensité dramatique déjà présente dans le scénario. Entre les vagues s’en trouve alors déséquilibré, et en quelque sorte, tant mieux. Dans ce registre d’une urgente intensité sans garde-fou, l’une des comédiennes s’en tire en effet mieux que l’autre, mais au-delà de cela, le film se retrouve alors enfin secoué de vagues inattendues. Entre les vagues montre alors que, à l’image de ses héroïnes, il n’a pas peur de l’excès. Le film tangue, peut éventuellement donner le mal de mer, mais il secoue, émeut avec un charme brouillon et brut, en menant sa barque à sa manière.

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par Gregory Coutaut

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