A voir en ligne | Critique : Entre les roseaux

De retour en Finlande pour les vacances d’été, Leevi aide son père à restaurer le chalet familial au bord d’un lac. Tareq, un réfugié syrien demandeur d’asile, les aide sur ce chantier. Alors que Leevi trouve refuge dans la littérature de Rimbaud, Tareq tente de se construire une identité dans un monde fait d’inégalités. Loin du regard du père, ces deux hommes que tout oppose se découvrent l’un l’autre. L’amour devient un exutoire…

Entre les roseaux
Finlande, 2017
De Mikko Makela

Durée : 1h48

Sortie : 20/03/2019

Note :

DANS UN RECOIN DE CE MONDE

Le postulat de Entre les roseaux, premier long métrage du Finlandais Mikko Makela, rappelle en partie celui du Britannique Seule la terre, sorti chez nous en 2017. Soit une romance gay qui se déploie dans un décor ‘typique’ (lac finlandais contre campagne anglaise) et qui traite de la marginalité sous différentes formes (homosexualité et immigration). Entre les roseaux trouve néanmoins sa propre voix car sur un schéma assez archétypal (à ce titre, la première discussion entre le père homophobe et son fils gay ressemble à une maison témoin du genre) se pose le point de vue de Makela.

A la tension avec le père succède une autre, d’une nature bien différente : une tension érotique entre le héros (un étudiant Finlandais de passage après s’être échappé en France) et un jeune architecte qui a fui la Syrie et accepte des petits boulots dans son pays d’adoption. Les deux acteurs, convaincants, forment un couple attachant qui constitue l’une des clefs du succès du film. Celui-ci traite de l’homosexualité invisibilisée et jugée honteuse en Finlande, mais il est aussi de façon méta une réponse à l’invisibilisation de l’homosexualité dans le cinéma finlandais lui-même.

On l’a dit, Entre les roseaux se déroule dans un décor finlandais emblématique : un lac, une forêt, une maisonnette en bois, un sauna. Tout ici pourtant, derrière la carte postale officielle, parle de la marge. C’est l’un des parti-pris intéressants de Makela, qui filme en même temps ce qui traditionnellement occupe tout l’espace et ce qui laissé invisible ; un endroit hors du monde mais qui dit énormément sur le reste du monde. Derrière le coucher de soleil idyllique, sous les nuages roses, le long métrage traite de questions dramatiques.

Ce récit est finlandais, mais il rayonne bien au-delà des frontières du pays. La mentalité machiste ici observée est parfaitement universelle, tout comme l’homophobie, le racisme, les esprits étriqués, l’ignorance vis-à-vis des migrants. Le long métrage défend des valeurs humanistes avec générosité mais sans idéalisme, son regard est tendre mais il est aussi amer. Et avec nuance, il marie le romanesque et le politique. Une réussite.


>>> Entre les roseaux est visible en vod sur la plateforme d’Outplay

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par Nicolas Bardot

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