A voir en ligne | Critique : Exit

Rie, une journaliste danoise, visite le chantier du métro de Copenhague pour réaliser un projet sur la coopération européenne. Mais sous terre, un accident se produit. Rie se retrouve bloquée dans un sas de décompression aux côtés de Bharan et Ivo, deux ouvriers. Le reportage se transforme en cas pratique, où chacun doit apprendre à coopérer pour espérer survivre.

Exit
Danemark, 2018
De Rasmus Kloster Bro

Durée : 1h24

Sortie : 15/07/20

Note : 

LE SOUS-SOL DE LA PEUR

Buzz des festivals de genre depuis quelques mois (le film a d’ailleurs été couronné à Strasbourg à la rentrée), Exit (également connu sous son titre international Cutterhead) est le premier long métrage du réalisateur danois Rasmus Kloster Bro (lire notre entretien). C’est aussi une vraie petite sensation qui révèle un cinéaste gonflé et doué. Exit débute au cœur d’un profond chantier, dans les sous-sols de Copenhague. Une journaliste bienveillante vient à la rencontre des ouvriers, des travailleurs immigrés du monde entier. Celui-ci est-il croate ou italien ? La journaliste ne le sait même pas vraiment.

Ce monde souterrain a une dimension politique évidente. On y décrit le sale boulot laissé à un père déraciné venu là pour nourrir sa famille, à un jeune homme venu d’Érythrée, venu s’enterrer après une histoire personnelle déjà terrible. Exit parle d’eux, mais aussi beaucoup de sa blanche et blonde héroïne. Rasmus Kloster Bro traite sans complaisance du privilège blanc, de la culpabilité blanche dans cette reproduction du monde dans lequel on vit. Le décor semble à la fois appartenir au futur et au passé – il est un lieu universel. Et la question est posée : « quelle genre de personne êtes-vous ? ».

Cette parabole politique ne prend pas la forme d’un drame social classique, mais d’un film d’action aux portes du thriller horrifique. On a parlé parfois de films comme d’expériences physiques. Ce n’est pas exagérer que de dire qu’il s’agit là d’une expérience physique intense, jouant sur la claustrophobie et l’épuisement. Le long métrage est techniquement d’une efficacité extrême et on parie que vous allez vous accrocher à votre fauteuil à plusieurs reprises. C’est le spectacle fort (et qui fonctionne) qui est proposé, enrichi par la mauvaise conscience du propos, explorant une passionnante ambiguïté morale jusqu’aux derniers instants du film.


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par Nicolas Bardot

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