Critique : L’Affaire Collective

En 2015 un incendie dans une boîte de Bucarest cause de nombreux morts. Le réalisateur suit l’enquête et construit un récit où la corruption de l’industrie médicale devient une image universelle de l’avidité.

L’Affaire Collective
Roumanie, 2019
De Alexander Nanau

Durée : 1h49

Sortie : 15/09/2021

Note :

ENSEMBLE C’EST TOUT

Très remarqué avec son précédent doc Toto et ses sœurs, le réalisateur roumain Alexander Nanau revient avec un nouveau film coup-de-poing intitulé L’Affaire Collective. A la base du film, il y a un terrible fait divers : un incendie qui s’est déclaré en 2015 dans une boite de Bucarest et qui a fait 27 morts. Mais le drame ne s’arrête pas là puisque 37 autres personnes mourront ensuite pendant leur hospitalisation. Le réalisateur suit une équipe de journalistes qui enquêtent sur l’affaire et découvrent un scandale édifiant.

« Nous ne sommes plus humains », commente l’un des intervenants de L’Affaire Collective. Le film parle du fait divers et de ce qu’il révèle sur le système. De l’écroulement du système hospitalier pillé par des mafieux à l’évasion fiscale, en passant par de faux diplômes reçus par la poste par d’improbables directeurs d’hôpitaux, le constat est sans appel : le système est « pourri jusqu’à la moelle ». Le documentaire met en lumière en quoi la corruption généralisée n’est pas qu’une question de liasse de billets qui déborde d’une poche, c’est aussi une question de vie ou de mort pour ceux qui en seront les victimes – et qui n’iront pas se faire soigner à l’étranger.

Collective met en avant les lanceurs d’alerte. Car c’est aussi un film sur le journalisme d’investigation, un film sur les possibles leviers d’une politique moins immonde. C’est aussi un film désespéré sur une société où l’on préfère couvrir le visage de patients par un drap afin de ne pas les voir et où, élection après élection, même après un scandale pachydermique, très peu de gens semblent prêts à se réveiller.

Les différents individus qu’on rencontre dans ce documentaire, dont on scande parfois les noms, forment un groupe et doivent vivre ensemble. De Colectiv, le nom du club dont parle le film, au titre français traduit L’Affaire Collective, qui souligne la notion de communauté, Alexander Nanau dessine la possibilité d’une société qui ne peut fonctionner que par des actions communes, et qui, dans le cas contraire, ne peut que se disloquer.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article