ENFERMÉS DEHORS

Ce n’est pas le réalisateur de la nouvelle vague roumaine le plus connu chez nous, pourtant Florin Serban avait été très remarqué avec son précédent film If I Want to Whistle, I Whistle. Ce long métrage finalement resté inédit en France avait notamment reçu le Grand Prix à la Berlinale. A l’image de If I Want to Whistle…, Boxe, tourné cinq ans plus tard, dresse le portrait de personnages condamnés par leur environnement social tout en faisant mine de raconter autre chose (ici, la tension sexuelle entre un tout jeune boxeur au visage poupin et au corps affûté et une femme plus âgée que lui, épouse et mère). La libération du héros incarcéré dans If I Want to Whistle était obscurcie par d’autres problèmes, tandis que Cristina et Rafael semblent prisonniers des interdits dans Boxe.

Le traitement de Florin Serban est assez radical, pas forcément très généreux (on est ici dans une austérité assez roumaine), mais il fonctionne et il est assez gonflé. Comme dans cette très longue observation sans dialogue, ou cette attente – il faudra bien quarante minutes pour assister au premier contact entre les deux personnages principaux. Serban épure au maximum pour se concentrer essentiellement sur la tension sexuelle, comme il isole ses antihéros qui ne peuvent que perdre, sur le ring comme au foyer.

Mais est-ce vraiment la seule issue ? Déjà dans If I Want to Whistle, Serban réservait en rupture de ton un dénouement presque onirique. Ici, le scénario ouvre d’abord une porte de sortie très romanesque pour ses personnages. Avant de la claquer… et finalement la rouvrir de manière assez surprenante. Le film, qui paraît à première vue aussi cadenassé que le destin de ses personnages, est plus troublant et subtil que cela.

>>> Boxe est visible librement sur le replay d’Arte jusqu’au 4 avril 2021.

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