Gérardmer 2019 | Critique : Blackwood, le pensionnat

La mère de Kit, une adolescente au caractère bien trempé, décide de l’envoyer au mystérieux internat Blackwood car elle n’arrive plus à la gérer. Fraîchement arrivée, Kit rencontre Madame Duret, l’excentrique et fascinante directrice des lieux, et les quatre autres étudiantes à problèmes qui y vivent. Avec ses camarades, elle va explorer le dédale de couloirs du pensionnat et découvrir le secret du manoir Blackwood, enraciné dans le paranormal.

Blackwood, le pensionnat
États-Unis, 2018
De Rodrigo Cortes

Durée : 1h37

Sortie : 02/02/2019 (VoD)

Note : 

L’ÉCOLE DES PASSIONS

On a découvert le très habile Rodrigo Cortes avec Buried, thriller au concept radical (avec Ryan Reynolds filmé dans une boite pendant tout le film) et exécuté avec une efficacité diabolique. Le lieu (très différent) est à nouveau une clef du récit dans Blackwood, histoire de pensionnat de jeunes filles hanté. Le film est une adaptation du petit classique young adults signé dans les années 70 par Lois Duncan. Il lui reste fidèle avec ce récit au fort potentiel rocambolesque tout en le réactualisant – ses héroïnes, qui à l’origine étaient au pire des chipies, sont aujourd’hui davantage en mode Britney-Black Out ou Miley Cyrus sur sa boule de démolition.

Le ton, également, diffère un peu. Car sans se moquer du matériau d’origine, le film de Cortes a conscience du kitsch juteux inhérent au genre. On est là pour voir Uma Thurman descendre des marches et ourdir des plans derrière des rideaux de velours. L’actrice, en mode grande dame guignol, semble d’ailleurs beaucoup s’amuser avec son jeu de chatte de Paris roulant les r tel le matou ronronnant de plaisir. « A little bit dramatic, don’t you think ? », dit-elle un sourire aux lèvres après un discours emphatique. Le film a de l’humour – cela tombe bien car nous sommes là pour jouer : Blackwood s’ouvre d’ailleurs par un plan sur une maison de poupées. Et contrairement à ce qu’essaieront de vous faire croire les grands garçons venus ricaner (et montrer qu’ils ricanent, comme ils ricanent à toute chose qui n’a pas été créée pour eux), Blackwood, sans être cynique, a du recul sur lui-même.

A la première partie atmosphérique du roman, Cortes privilégie une bascule assez rapide dans les rebondissements fantastiques. Dans ce beau manoir, le film n’évite pas les planches pourries du genre : les couloirs explicatifs, le numérique moche, la précipitation psychologique. Mais le film a la candeur naïve d’une production destinée aux adolescentes (et c’est exactement ce qu’est Blackwood, le livre comme le film) tout en portant en lui le fun ludique d’un généreux tour de manège dans la maison hantée de Disneyland. Ce n’est pas un chef d’œuvre pour gardiens du temple, mais une sucrerie tout à fait appropriée pour une pyjama party.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article